Un spectacle d'ombres et de lumières

Derrière les frontières à l'Est du royaume s'étendent des paysages sauvages à perte de vue. Des contrées inhospitalières au genre humain, dont l'influence déborde et s'aperçoit déjà au sein même des terres, la civilisation s'y efface peu à peu, remplacé par des champs, des marécages, des forêts, une nature indomptable et indomptée. Connu pour être l'une des zones les moins peuplées de tout le territoire, les moines ésotériques y vivent dans une paix et une harmonie semblant restée intacte depuis plusieurs siècles déjà. Esseulé ainsi des affaires internes du royaume, ils ignoraient tout des changements qui s'opéraient au cœur des terres, notamment dans le berceau de la pensée prophétique, Eldia.

La pensée prophétique était découpée en différent culte, chacun représenté par un prophète et ses adeptes. Ils restaient sentiment un fort sentiment d'unités et pour cause, ils partageaient tous une base commune qui impliquait les différents cultes dans leurs propres panthéon divin où chaque être supérieur était l'incarnation d'une valeurs. Un prophète était ainsi le héraut d'une ou plusieurs incarnation divines, garant de l'accomplissement de sa volonté. La crédibilité du prophète et de ceux qu'ils représentaient se forgeait alors, assez naturellement, sur les dons eux même. Ils étaient la preuve de la puissance et de l'existence de ces êtres, la raison de croire en leurs dessein. Plus généralement, les prophétiques considèrent que l'influence d'une incarnation sur le monde se traduit par l'influence de son prophète et qu'ils indiquent par ce biais la voie à suivre.  

Edras, à l'image des plus récents prophètes, priait trois incarnation : Neïsis le savoir, Améniel le dévouement et Shaolomé le châtiment. Avide de connaissance, dévoué à sa cause et prêt à châtier quiconque fera obstacle à la volonté des siens. Reconnu unanimement comme un prophète il y a quelques années seulement, le culte du jeune homme prit rapidement de l'ampleur et par conséquent du pouvoir au sein des instances décisionnaires. Il siégeait comme ses rares homologues au très restreint conseil divin. Il était devenu peu à peu la solution ou le problème à bien des questions, au sein et à l'extérieur de son cercle de croyance. Ses méthodes et ses positionnements provoquaient parfois de houleux débat entre prophète, certains les jugeaient nécessaires, d'autres extrême, d'autres encore indispensables, mais tout le monde s'accordait sur une chose, c'était efficace. Pour cause, il avait amené peu à peu les prophétiques à se tourner vers la recherche plus active de relique sacrées, poursuivant l'entreprise qu'il avait commencer en secret depuis des années. Des objets porteurs de savoir et de vérités anciennes que les prophètes et les sages gardaient cachés.  Ses méthodes étaient simples : espionnage, recueil d'informations, marchandages, tout était bon pour obtenir le moindre renseignement susceptible de les mener à de nouvelle découverte, mais désormais ses moyens étaient démultiplier. Grâce à cela, ils réunirent dans le plus grand secret plusieurs reliques dans l'espoir de pouvoir un jour déchiffrer ce savoir.


Pour Edras, tout cela ne faisait que commencer. Le vent avait colporté des rumeurs sur la présence d'une relique gardée au sein des temples Esotériques, les moines de l'est désintéressé garderaient comme eux des savoirs inconnus. Cependant, cette rumeur n'avait pas suffit à persuader les autres prophètes d'envoyer quiconque jusqu'au confins de l'est à la recherche d'une hypothétique relique. Pour autant, l'absence de soutien ou de validation ne constituait pas un obstacle à la volonté d'Edras. Son dévouement n'avait pas de faille, c'était pour le bien de tous qu'il le faisait. Il était alors partit accompagné d'une poignée de ses plus fidèles adeptes à l'assaut de la relique des temples de l'est, à plusieurs semaines de marche.


La vue de la dense forêt avait été vécu comme un soulagement par la plupart des membres du groupe, elle marquait les limites du territoire du royaume et abritait les temples ésotériques qu'ils venaient chercher, et enfin après des semaines ils y arrivaient. C'était chargé de cette nouvelle énergie que le groupe avait pénétré les bois. Au fur et à mesure qu'il s'y enfonçait, le feuillage les engloutissaient faisant disparaître le soleil, à tel point qu'ils semblaient tous passer dans un autre monde. Les bruits de la nature auxquels ils étaient étrangers les tendaient, il restait sur le qui vive. Tout autour d'eux, la vie se déployait, occupait chaque espace dans une sombre pénombre, ils sentaient cernés, observés par des milliers d'yeux invisibles, des ombres insaisissables, cette forêt semblait maudite. Les adeptes commençaient naturellement à se resserrer les uns vers les autres, s'agglutinant derrière Edras, qui était le seul à ne pas sembler perturbé. Il marchait plusieurs mètres devant son groupe, inspectant les environs avec parcimonie, il portait une attention tout particulière au son qui l'entourait. Il s'était rapidement accoutumé au bruit commun de la forêt, et se focalisait sur des sons inhabituels, ou des sons humains qui le guiderait directement vers son objectif.

Sa déambulation forestière à l'aveugle s'entre-coupait de moment où il devait s'arrêter, attendre ses adeptes qui avaient de plus en plus de mal  à suivre la cadence de marche qu'il imposait. Pourtant, il avait aperçut au loin quelques choses qui semblait digne d'intérêt. Cela ressemblait à un arbre géant, bien plus que ceux qu'ils avaient croisés jusqu'à maintenant. À cette distance déjà, dans l'air on pouvait y voir flotter une brume rosé ce qui renforçait la curiosité d'Edras. Il creusait alors la distance qui le séparait de ses compagnons, restant à la limite de leurs portés de vue pour s'approcher plus rapidement de ce qui l'intéressait.

Alors qu'il s'en approchait de plus en plus, il entendit un son inhabituelle, ce n'était pas le boucan de ses compagnons à plusieurs dizaines de mètres, ni celui des habituels froissements dans les arbres, ce qu'il venait d'entendre ressemblait au crépitement d'un feu. S'immobilisant alors, il portait sa main droite, porteuse du livre au niveau de torse et jeta un regard en direction de ses compagnons qui ne devait voir que sa silhouette à cette distance. Il écoutait et regardait tout autour parce qu'il était persuadé d'une chose désormais. Si il avait repéré quelques choses d'inhabituels, cela devait faire un certains moment que cette chose l'avait repéré, lui et les siens. Ces compagnons étaient trop bruyants et dénotaient clairement avec les sons habituels qui résonnaient en ces lieux. Que ce soit leurs pas, leurs respirations, le frottement de leurs vêtements, le bruit de leurs armes, il n'excellait pas dans la discrétion et l'adaptation aux terrains. Décidé à attirer l'attention sur lui, Edras entama alors une incantation d'une voix vibrante et résonnant aux travers de la canopée.

« Pour les miens, pour cette voie, je m'offre tout entier. Mon dévouement, pour toujours fait foi, il m'a toujours guidé...  »

Entendant ses mots, les adeptes se paralysèrent, ils avaient compris que cela signifiait probablement un danger et s'était mis à scruter tout autour d'eux. Le livre qu'il portait à la main s'était dans le même temps mis à briller d'une faible lueur, alors que la forêt autour d'eux semblait se focaliser sur les paroles de Edras qui dissonaient complètement avec les habitudes de l'endroit.

Edras constata que son imagination ne lui avait pas joué des tours lorsque ce feu follet s'éleva dans les airs, bien en vue de tous. Cette flamme n'était pas naturel, la raison de son spectacle inconnu, était-ce un leurre, ou une sorte de prévention à la manière de nombreux animaux, car elle s'apprêtait à attaquer ? Le jeune prophète ne savait pas réellement ou regarder, devait-il se concentrer sur la flamme pour se prémunir lui et les siens d'un comportement agressif de sa part, ou n'était-ce là qu'un subterfuge d'un tierce personne qui s'apprêtait à frapper depuis les ombres ? Quoiqu'il en soit, désormais pour lui une chose était sûr, il devait passer à l'action et ne surtout pas rester passif, son pouvoir nécessitait une certaine préparation et il ne pouvait se permettre de le garder seulement en cas de dernier recours. Alors en partageant sans cesse son regard entre la flamme et ses compagnons, il terminait son incantation aux échos gutturaux.

« [...] Glorieuse Améniel ô puissante incarnation, par la grâce de ta bénédiction, j'invoque le soutien de ton champion.  »

Tandis qu'il finissait sa phrase et que l'intensité lumineuse s'échappant dans son livre se démultipliait, rayonnant à la manière d'une étoile. Son regard perçu alors le véritable danger. L'agilité, la rapidité et la discrétion d'une bête, la silhouette traversait aux travers les feuillages et les végétaux dans un silence surréaliste. Sous son regard impuissant, il vit s'abattre sur ses adeptes une force qu'ils ne pourraient arrêter. Le premier homme du groupe tomba au sol en une fraction de secondes, alors que dans une suite de mouvement acrobatiques, l'étranger à l'imposante carrure se contentait d'éliminer tout les autres avec la même rapidité et précision. Des mouvements démontrant une maîtrise certaines de son corps, une connaissance des lieux et un certains plaisir non dissimulé dans son passage à l'acte.

La vue de cette agression pur et dur, gonfla le cœur d'Edras d'un sentiment puissant, celui de la responsabilité qui l'incombait. Il était le leader de ces hommes, le porteur d'espoir et de vérité, celui qui guiderait le peuple vers l'objectif des incarnations qui le soutenaient, pour un futur plus beau, un avenir meilleur. Il ne pouvait laisser un tel affront impunis, cet homme allait payer quelques soit la manière ce qu'il venait de faire, et qu'il soit l'intru de l'histoire ne l'importait peu, il était le montreur de voie, et rien ne pourrait se mettre en travers de son chemin.

La lumière s'émanant de son livre dessinait une forme humanoïde, et le temps que le moine massacre ses protégés, le sort s'était terminé. Le rayonnement s'estompa, et alors il apparut flottant à quelques centimètres du sol, une créature humanoïde de taille moyenne, munis deux énormes pavois quadrangulaires accrochés à ses avants bras. Son visage semblait recouvert d'un casque intégrale mais qui ne semblait pas pouvoir se décrocher, aucune expression n'était lisible, ni bouche, ni nez. Il n'était simplement marqué de deux longues fentes courbés complètement symétrique, partant de ce qui aurait dû être des oreilles et descendant jusqu'à l'endroit présumé de la lèvre supérieur, ces fentes semblaient lui servir d'yeux, si compter qu'il en avait.

Edras quant à lui se plaçait de manière à avoir sur sa droite la flamme et sur sa gauche le moine qui s'approchait de lui lentement, ainsi dans sa vision périphérique, aucun des deux adversaires présumés n'échappaient à sa surveillance. La flamme s'était mise à grossir lentement, cela lui confirmait indirectement qu'elle était bien de mèche avec celui qui constituait très ostensiblement une menace. L'invocation quant elle se plaçait à quelques centimètres devant lui, adoptant une position défensive, elle plaçait chaque pavois en direction de chacun des adversaires, restant complètement immobile.

Cependant, alors qu'il s'attendait à ce que l'affrontement continue sans aucune autre forme d'échange entre les deux parties. Il fut étonné de voir que le moine qui se trouvait sur sa gauche s'arrêtait à une distance respectable, plusieurs mètres les séparaient, avant d'entamer à son attention ce qui semblait un début de discussion.

— Ta présence n'a pas été acceptée par la Forêt. Alors si tu ne veux pas rencontrer la stricte et exacte perfection à laquelle la nature nous destine tous, je te conseille de ramasser les corps de tes confrères et de rebrousser chemin.

Des mises en gardes, des menaces prenant l'allure de faux conseils. En somme, il lui sommait de quitter ce territoire et n'avait que faire de la raison de sa présence ici, il n'y était simplement pas le bienvenue. Ce qui énerva le plus Edras dans sa déclaration fut la mention des corps de ses confrères, impossible de savoir si ils étaient encore en vie ou non, et cette dénomination laissait encore davantage de place aux doutes, les avaient ils simplement tuer comme ça ? Son corps, ses intentions, rien ne le trahissait, Edras restait parfaitement immobile, à l'exception des légers spasmes musculaires qui trahissait sa tension et sa préparation à l'affrontement potentiel. Pourtant, contre toute attente, le prophète poussa une longue expiration, contrôlé et calme tandis que l'invocation se désagrégeait lentement avait de disparaître complètement. Là, le jeune garçon plongea son regard à l'endroit supposé de celui du moine.

— Ma présence est commanditée par des êtres qui nous dépassent, comme ils dépassent l'existence même de cette forêt. Je n'ai donc aucune intention de partir. Je te punirais pour ton affront et concéderais peut être à t'épargner si tu me donne des informations.

La tension montait encore d'un cran à la suite de ses déclarations, et il savait très bien que cela risquait de s'envenimer, alors pourquoi avait-il fait disparaître son invocation ? Il avait honte, son dévouement était la protection des siens, ce champion en ce jour, il n'en était pas digne. Pour sauver son honneur, il ne lui restait qu'à honorer une autre de ses incarnations. D'un vif bond, il reculait dans la forêt qui s'étendait derrière lui, augmentant la distance entre lui et ses deux adversaires, il gagnait du temps tout en entamant une autre incantation.

« Face aux affronts, face aux crimes, j'apporte réparation. La seule solution, je l'affirme, c'est celle du châtiment. Glorieux Kaahoos ô puissante incarnation, par ta bénédiction j'invoque le soutien de ton champions »

La rapidité de sa diction n'était en rien comparable avec la première incantation prononcée. Si il gardait encore cette puissante résonnance et ses vibrations gutturales rauques qui semblait faire trembler même l'écorce de ces géants millénaires l'entourant, le danger était réel et il n'y avait aucun temps à perdre et se contenait de la prononcer aussi rapidement qu'il le pouvait.

Ainsi, projeté de son livre dans un flash lumineux apparut alors une seconde créature qui n'avait rien à voir avec la première. Elle ne disposait que du haut d'un corps humanoïde flottant à quasiment un mètre du sol. La créature affichait un visage ressemblait à un crâne humain dépourvus de bouche, auquel deux excroissances étaient rattachés, prenant l'allure de longue corne s'étendant droitement de la face gauche et de la face droite du crâne. Deux trous étaient creusés à l'emplacement des yeux tandis que le reste de son corps semblait recouvert d'un drapement blanchâtre qui semblait fusionnée directement avec l'être par endroit. Ses deux bras maintenaient un large espadon d'un mètre quarante dont le plat de la lame à double tranchant s'arrêtait devant son visage.  


À peine son apparition terminé que la créature s'élança directement en direction du moine, elle traçait une trajectoire directe dans sa direction, tandis qu'Edras lui avait entamé alors une courbure vers la gauche, s'éloignant de la flamme et contournant la position de son opposant humain.  Rapidement, l'invocation arriva à une distance suffisante pour entamer le combat contre son opposant, flottante, elle avait gardé la même posture durant son avancé dans sa direction. Cependant, une fois son opposant à porté de son épée, ses mouvements accélèrent soudainement.

Passant d'un déplacement linéaire à un déplacement latéral droit, il relevait épaule et son coude droit, suivant le mouvement de son bras et son épaule gauche de sorte à placer la lame horizontalement. Tout en profitant de son déplacement, il tentait une première entaille de gauche à droite au niveau de la base du cou de son adversaire, profitant de l'allonge de ses bras et de son arme pour rester hors de portée des poings du moine. Dans la continuité de son mouvement profitant de l'amplitude de son premier coups ainsi que du déplacement de son corps, il fit rouler ses épaules tout faisant pivoter son buste à 90° de manière à se repositionner face à l'épaule de son opposant à renvoyer une seconde taille dans l'autre sens. Cette fois-ci, elle suivait un tracée légèrement oblique dessinant ligne droite de la clavicule gauche jusqu'au bas ventre  de son adversaire.

Edras qui lui avait contourné la cible ressurgissait dans son dos, légèrement excentré dans la continuité de l'omoplate droite de son adversaire, de tel sorte à le prendre complètement en tenaille suite à l'ultime déplacement de son invocation. Il bondissait par ailleurs au moment de la seconde attaque du champion du châtiment. Abaissant son centre de gravité, il penchait très légèrement l'entièreté de son corps sur la gauche, plaçant l'entièreté du poids de son corps sur sa jambe gauche repliée. De cette manière il chercha ensuite à asséner un coup de pieds en dépliant sa jambe droite à pleine puissance directement dans l'articulation arrière du genoux droit du moine, de tel sorte que cela le forcerait à plier la jambe et l'empêcherait de se déplacer.

— La vanité des hommes des cités régentes m'étonnera toujours. Très bien. Puisque tu t'obstines à vouloir coloniser ces lieux de ta présence indésirable, je vais donc être obligé de te sacrifier pour laver la terre des maux que tu apportes. Que l'énergie qui t'a été prêtée soit redistribuée à un esprit plus sage.

Aucun des deux ne semblait réellement impressionné par les menaces de l'autre, n'y prêt à céder la moindre parcelle de terrain à son opposant. L'affrontement était tout bonnement inévitable. Cependant, contrairement à ce qu'aurait imaginé Edras le moine ne s'empressait pas de lui courir après, peut être avait-il été pris de court par le déplacement soudain du prophète vers l'arrière et s'attendait il à quelques choses de plus agressif ? Quoi qu'il en soit, il ne restait pas longtemps inactif et décidait lui aussi de passer à l'offensive en envoyant son compagnon brûlant, simple boule de flamme visiblement dotée de conscience à l'assaut du prêcheur. Edras avait prévu de courir, mais il n'allait pas pouvoir s'arrêter de bouger si il ne voulait pas être dévorer par les flammes qui étaient désormais à ses trousses.

Cependant, le bonze n'allait pas rester inactif, Edras avait eu le temps de le voir à l'action précédemment et il savait déjà quelle menace il représentait. Il ne fut donc pas le moins du monde étonné de le voir s'élancer dans un combat au corps à corps contre sa créature osseuse, c'était même tout ce qu'il attendait de sa part. La créature quant à elle, légèrement surprise de le voir se rapprocher réajusta simplement le timing pour déclencher son attaque légèrement plus tôt en tentant de garder l'avantage de l'allonge que lui procurait le maniement de l'espadon. Pourtant, cet homme ne l'entendait pas de cette oreille, et il n'allait pas tarder à lui faire comprendre.

S'abaissant d'une vive flexion des genoux, il parvenait à s'esquiver de la lourde taille à son encontre, et avant même que l'avatar du jugement ne puisse réenchaîner comme il l'avait prévu, il vint casser méthodiquement toute possibilité de profiter de son élan. Délivrant une frappe ascendante dans l'axe de ses deux coudes alignés par la tenue du manche de l'épée. La violence du choc fit s'heurter ses deux bras ainsi que ses poignets, laissant s'échapper l'épée de son emprise qui entraînée par son propre poids vint se planter lourdement dans le sol, tandis que la poigne du bonze venait se refermer sur ses coudes. Dans un mouvement réflexes, alors qu'il n'était que partiellement retenu par le bout des doigts de l'homme, l'invocation retira son bras droit vers l'arrière, soulevant son épaule de manière à soulever son bras droit hors de l'alignement avec le second. Il n'avait en revanche rien à faire pour ce qui allait suivre. La distance complètement réduite à néant, la grande paume de l'animiste s'appuya sur son crâne, tandis qu'il se relevait d'un bond puissant, bond qu'il transforma en véritable plongeon vers l'avant de tel sorte qu'il vint écraser le guerrier squelette contre le sol.  

À ce moment là, Edras était en fin de course, prêt à délivrer son coups de pieds, il présentait son flanc droit au dos de son adversaire, mais alors qu'il s'apprêtait à abattre le plat de son pieds dans le genoux de celui-ci, l'homme tenta une frappe à l'aveugle. Il avait tenu compte des déplacements observés précédemment par sa flamme pour estimer l'endroit de frappe d'Edras, et une chose était sûr, il n'avait pas mal calculé son coup. Le pieds droit d'Edras vint retrouver le sol tandis que celui du bonze se levait dangereusement en direction de son flanc. Heureusement, il tenait sa garde, le bras droit replié solidement plaqué contre les côtes, mais subir ce coup de plein fouet le repousserait inévitablement directement dans la gueule ouverte de l'enfer et ça il ne pouvait pas se le permettre.

Dans un pur réflexe, il déplia puissamment son bras droit pour parer la ruade et rediriger la puissance de l'impact vers le haut en frappant à l'aide de son avant-bras la cheville de son opposant, puis il vint rapidement la saisir avec sa main de sorte à le forcer à garder sa jambe en l'air après avoir laissé glisser son livre à l'intérieur de sa manche. Durant l'opération, il reculait légèrement la tête pour éviter d'e prendre au visage le coup qu'il avait dévié avant d'enchaîner avec fluidité et parallèlement, il laissait glisser dans sa manche le livre. Concentrant l'entièreté de son poids sur sa jambe avant, il pénétra dans la garde de son adversaire en s'avançant légèrement tout en effectuant une rotation de sorte à placé son dos face au ventre du bonze qui se retrouvait forcé dans une quasi position de poirier, en face de lui il voyait s'approcher à grande vitesse l'intrépide boule de feu. Sans la moindre peur, il plaça alors son épaule droite au niveau du bas de la cuisse de son opposant, saisissant sa cheville à l'aide de sa deuxième main, puis s'arc boutant tout en tirant de toute ses forces sur ses deux mains, il cherchait à balancer le moine par dessus son épaule en utilisant contre lui son propre poids dans une sorte de Ippon-Seoi-Nage, si il résistait trop, son genoux se briserait sans aucun doute.


Dans le même temps, l'avatar du jugement s'était mis en action, plaçant sa main droite libre au niveau de la clavicule gauche du moine, il le poussait de toute ses forces en utilisant la force de sa nuque et de sa main droite de sorte à faciliter le basculement entrepris par Edras. Projeté ainsi par dessus le corps bien plus léger du jeune prophète, le moine servit contre son gré de bouclier face à l'attaque de son propre compagnon de feu, alors qu'il s'écrasait de tout son poids contre le sol. Immédiatement après, Edras lâcha prise, reculant d'un bond tout en faisant glisser le livre hors de sa manche jusqu'à sa main pour le récupérer.

Dans le même temps, son invocation, elle, repassait à l'attaque. S'étant redressé durant l'opération, elle ressaisissait l'épée qu'elle avait précédemment fait tomber à deux mains, gardant sa pointe dirigée vers le sol avant de s'élancer par dessus son invocateur alors que lui reculait. Surgissant alors au dessus du moine, il tentait ni plus ni moins d'enfoncer son espadon juste en dessous du plexus solaire de son adversaire dans un violent mouvement de haut en bas avec la puissance de ses deux bras. Edras et ses pouvoirs n'étaient pas venu jouer le jeu de la proie en fuite, il était l'envoyé d'être divin, le main du châtiment et cet homme était un opposant aux desseins supérieurs qui le guidait, il n'avait plus le temps pour la pitié.

Un chasseur, un chassé, l'éternelle logique du prédateur et de la proie, mais cette dialectique était loin d'être la seule à réguler les affrontements entre individus. Pourtant, elle revenait souvent en priorité, comme une mécanique de pensée profondément ancré au sein même de l'ADN de chacun, lors d'une confrontation, les forts se projetaient souvent eux même comme le prédateur, là où les faibles se prédéterminaient automatiquement comme des proies, ce qui influençait par nature leurs comportements. Cependant, que se passait-il lorsque deux individus se considéraient naturellement comme les prédateurs ? Comment voyait-il leur adversaire et quel influence cela pouvait-il avoir sur l'issu du combat ?

Edras apercevait du coin de l'oeil les premières réactions de son adversaire projeté dans les airs, ses réflexes étaient tout aussi impressionnant que les siens, et en voyant son buste se décaler et sa jambe s'armé prêt à frapper, il parvint dans ce court laps de temps à faire deux choses. La première était de se préparer consciemment à recevoir un coup, si la plupart des muscles de son ventre et son abdomen était déjà gainé par la traction du corps de son opposant, la préparation à l'impact allait lui permettre d'encaisser plus aisément. La seconde chose était une légère rotation du haut de son corps sur sa propre gauche, en faisant cela, il amoindrissait la puissance du coup d'Emaho en forçant à nouveau le désaxement du corps du moine qui restait encore pour l'instant sous l'emprise du prophète, mais surtout, il changeait la zone d'impact de celui-ci. Le coup qui se dirigeait normalement vers son foie, ce qui l'aurait lourdement handicapé pour le reste du combat allait s'écraser à la place contre son flanc et en partie sur ses côtes. Il n'y avait cependant pas que des avantages à sa rapide prise de décision, en offrant ainsi une zone plus solide à son adversaire, il renforçait par la même occasion l'appuie que celui-ci venait prendre sur son corps, et facilitait par la même occasion son évasion. Il lui était impossible de retenir sa jambe malgré que ses deux mains soit serrés autour de celle-ci, et pourtant, cela lui avait fait gagner quelques dixièmes de secondes qui s'avérait être un temps précieux au vu de l'intensité du combat, car en s'appuyant ainsi sur lui, il se propulsait vers l'arrière mais forçait aussi le prêcheur à reculer légèrement, une distance qu'il allait s'empresser de creuser davantage.

S'écartant alors d'un bond, sans perdre des yeux son adversaire qui terminait ses vrilles aériennes servant à reprendre le contrôle de sa chute. Il comprit rapidement en voyant l'impact entre le feu grégeois et sa créature qu'elle n'allait pas tarder à rejoindre le monde divin, le feu était sans aucun doute la plus grande faiblesse de ces êtres. Conscient de ce que cela signifiait, il entamait directement une nouvelle incantation.

« Pour les miens, pour cette voie, je m'offre tout entier. Mon dévouement, pour toujours fait foi, il m'a toujours guidé. »

Cet échange venait de changer quelques choses dans sa conception de l'affrontement, si dès le début il avait considéré son adversaire comme une menace, il ne l'avait pas encore considérer comme autre chose qu'une proie, un élément gênant qui ne serait qu'un vague souvenir d'ici quelques minutes. Désormais, il le voyait comme un danger, une personne à prendre avec sérieux, mais surtout une personne à détruire, plus qu'une menace, c'était un danger, un problème par tout ce qu'il représentait, et la clémence qu'il lui avait précédemment proposée ne tenait désormais plus le moins du monde.  

Dès lors que l'animiste toucha le sol, il repartait à l'attaque, cet homme ne comptait pas laisser le moindre temps de pause dans cet affrontement et cela Edras l'avait bien compris, nombreuse personne agissait de la même manière une fois son pouvoir appréhender. Terminant ses rotations en renvoyant l'incarnation enflammée en direction de son propriétaire. Le feu qui s'en émanait était une gêne visuelle et un danger certains pour Edras, d'autant plus qu'il venait s'ajouter aux éclats des cendres des sortes de rayonnements d'un blanc pur, signe que le champion se désagrégeait et retournait à son monde. La décision du prophète était simple, continuer de s'éloigner pour gagner le plus de temps possible, temps durant lequel il terminait son incantation.

« Glorieuse Améniel ô puissante incarnation, par ta bénédiction j'invoque le soutien de ton champion. »

Au prix d'une série de saut à l'aveugle en arrière, il parvint ainsi à la clôturer juste à temps, sa précédente invocation et son épée disparurent alors tandis que du livre surgissait la précédente créature, qui avait un air bien plus humanoïde. Ses deux énormes pavois tournés vers l'avant, ancrés directement dans le sol vinrent réceptionner le puissant coup de pieds du moine ainsi que la boule de feu qui n'avait désormais plus rien à consommer. La puissance du coup fit glisser de quelques centimètres la créature sur le sol.

Edras quant à lui, ne comptait pas non plus s'arrêter, les deux pavois camouflaient entièrement son corps, il l'empêchait aussi d'apercevoir son adversaire, mais il n'en avait pour l'instant pas vraiment besoin, le bruit sourd de l'impact précédent contre les énormes boucliers d'acier lui indiquant grossièrement sa position. Il enchaînait directement avec une seconde incantation, à cette courte distance, l'être de feu qui supportait son opposant était une menace trop grande pour s'aventurer dans un corps à corps, ils pouvait alors entendre résonner derrière la protection de fer, une incantation bien plus courte que toute les précédentes.

« Kaahoos, que ta la lame consacrée châtie ces impies. »

L'instant d'après, les deux pavois s'écartaient, le champion d'Améniel, avait dans le même temps décalé son corps sur le côté pour laisser passer à sa place et entre les deux boucliers une gigantesque lame au trait similaire à celle anciennement portée par le champion de Kaahoos. Projeté à grande vitesse depuis le livre d'Edras, cette lame se différenciait de celle aperçut précédemment par sa longueur et sa largueur supérieur, mais aussi par son caractère instable. Les particules la constituant semblaient vibrer et s'estomper au fur et à mesure de son avancée, laissant comprendre qu'après quelques mètres de trajets, elle s'évaporerait dans l'atmosphère. Cependant, les dégâts qu'elle infligerait à tout ce qu'elle toucherait serait bien réel et la courte distance la séparant de sa cible actuelle ne laissait aucun doute quant à sa dangerosité.

Le prophète avait compris une chose, Emaho semblait être un véritable expert martial, une bête sauvage ne jurant que par la puissance de son corps et qui par conséquent excellait dans le combat au corps à corps. Edras quant à lui, qui était déjà forcé de l'affronter dans son environnement, avait décidé de cesser de jouer son jeu. Tentant de retourner la précipitation de son adversaire contre lui, il observait avec attention ses réactions, tentant de déceler ses faiblesses.

Plus il combattait, plus il trouvait que son adversaire était bien plus proche de l'animal que de l'être humain. Son instinct, ses réflexes, sa hargne et son acharnement, il avait tout d'une bête affamé, un loup inépuisable dont l'endurance n'avait d'égale que sa volonté de gagner. Une fois de plus, face à ce contre rapide et surprenant que venait de lui servir Edras, il parvenait à se soustraire à l'aide d'une énième acrobatie. Profitant de la position précédente dans laquelle il s'était positionnée pour infliger son violent coup de pieds, il basculait sur une roue parfaitement exécuté, n'essuyant qu'une entaille légère le long de sa cheville tout en se repositionnant pour attaquer à nouveau.

La concentration d'Edras atteignait son paroxysme, ses yeux suivaient avec une attention particulière les mouvements de l'imposant moine au teint halé, et son corps en faisait de même, par pur réflexe martial. Lorsqu'il se retrouvait sur sa droite, Edras avait suivit son mouvement d'une simple rotation de ses appuies, restant face à son adversaire. Le champion quant à lui, un brin plus lourd avait un peu plus de mal à s'adapter à la vitesse qu'imposait les deux combattants, et tandis qu'il tentait lourdement de pivoter sur le côté à son tour, Emaho le prenait de court en passant véritablement à l'action.

À l'aide ses deux bras, il venait pousser vers l'avant le protecteur en s'appuyant sur son bouclier, forcé dans un déséquilibre, la créature avançait sa jambe droite vers l'avant pour se maintenir, et d'un mouvement réflexe porté par la même volonté de se maintenir debout, il tendait vers l'arrière son bras gauche de manière à s'équilibrer. Dans la continuité de ce mouvement qui servait à écarter de son invocateur le champion, il plongeait en direction de son adversaire, jambe gauche vers l'avant prêt à perforer le foie du jeune prophète envers lequel il semblait avoir une rancœur particulière.

Dans tout cela, une chose restait indéfinissable pour Edras, la position de quelques choses qui s'avérait malgré tout, bien plus dangereux que ce coup de pieds destructeur, l'allié de feu du bonze. Cependant, il n'avait ni le temps d'y réfléchir, ni le temps de le prendre en compte, son corps réagissait par instinct, réflexe, mais aussi par une logique intrinsèque qui le définissait lui et sa manière de se battre. Cette logique qui répondait en une fraction de seconde à une plotée de question différente pour prendre la meilleure décision. Où visait ce moine ? À droite, le foie, cela était clair, et par conséquent qu'elle était le chemin le plus court pour esquiver ? Gauche. D'où venait t'il et quel était la dernière position connu du feu ? Gauche aussi, cependant, sa vision périphérique ne laissait apercevoir aucun éclat lumineux particulier, les côtés semblaient donc sans danger.

En réaction à cela, le prêcheur alors solidement ancré sur ses appuies se propulsait sur le côté en se servant de la puissance de ses deux jambes, mais ce n'était pas tout. En effet, dû à la nouvelle position de son allié suite à la déstabilisation provoquée par le bonze. Le bras gauche tendu vers l'arrière de l'incarnation, plaçait le pavois sur chemin, et ce qui pouvait être perçu comme un désavantage allait vite devenir un outil de contre attaque pour Edras. Sa main gauche s'agrippait au sommet du pavois tendis que le coup de pieds du moine continuait sa course dans le vide. Le protecteur quant à lui, stabilisé de nouveau se mit à tourner sur lui même dans le sens horaire, Edras accroché à ce pavois voyait donc sa course aérienne démultiplié en vitesse et sa trajectoire changer pour dessiné un début arc de cercle. Là, l'insatiable incendie vivant révélait sa position en s'écrasant quasi simultanément avec le coup de pieds manqué de son maître à l'ancienne position du prophète, il venait de derrière lui, et l'odeur de brûlé qui se dégageait d'une partie de la fourrure qui constituait son manteau laissait comprendre qu'il l'avait échappé de peu.

L'entente entre l'incantateur et ses invocations étaient parfaite, chacune des pensées qu'ils avaient semblait être partagé télépathiquement et cela allait permettre l'exécution de ce qui suivait. Dans la continuité de sa rotation et sans jamais l'arrêter, le champion du dévouement détendait son épaule droite pour frapper avec violence à l'aide de son bouclier de fer dans le flanc droit légèrement axé vers l'arrière du moine, dans le même temps, il rabattait son épaule gauche vers l'intérieur et lâchait son second bouclier en le laissant glisser le long de son avant-bras, de tel sorte à envoyer à travers les airs Edras en direction d'un arbre proche. Dans les airs, le prophète se replaça habilement parallèlement au sol, dos vers le ciel, les jambes en direction de l'arbre, tout en attirant à lui le large pavois afin de le saisir de manière conventionnelle de sa main gauche. Ses appuies entrèrent en contact avec le tronc, repliant ses genoux jusqu'à ce que ses talons touchent ses fesses, il accumulait une puissance phénoménal dans ses deux jambes, la force de la projection précédente le scotchant au tronc et défiant la gravitée.


Et là, il rendit toute ces forces qu'on lui avait donné, déployant l'entièreté de la puissance de ses jambes pour se propulser vers l'avant en direction du dos du moine. De son bras gauche, il vint placer devant son visage le pavois, tandis qu'il entamait dans le même une incantation.


Chargé de toute sa vitesse, il donna un coup ascendant avec le bouclier au moment de l'impact soulevant son épaule pour frapper son adversaire. De cette manière il augmentait la puissance du choc et cherchait à repousser davantage son le moine tout en libérant au dernier moment la vision entre lui et son adversaire, ce qui permettait à son autre attaque de s'abattre sur lui. Projeté depuis le livre, une dizaine de fin projectiles lumineux foncèrent dans sa direction en suivant des courbes aléatoires et variés, s'abattant sur le bonze de toute part prêt à le châtier définitivement.


La gravité rattrapait finalement le prophète qui d'un mouvement de balancier se replaçait droit, prêt à rejoindre le sol.

Si il y a bien une chose de laquelle Edras était convaincu, c'était que ce type n'avait d'humain que l'apparence. Bien loin des villes et de la civilisation, lui qui considérait la primitivité des hommes de l'extrême-Est comme une tare, faisait désormais face à son erreur de jugement. Cet être était la démonstration de ce qu'une vie en lien avec la nature profonde pouvait former, une bête guidée par des instincts profonds, des réflexes inhumains et une volonté qui défiait la sienne. Tout cela ne remettait pas en cause ses croyances, sa détermination et même son dévouement, mais cela faisait naître en lui un sentiment de plus en plus incontrôlable, une volonté de se surpasser pour prouver que la seule et unique voie correcte était la sienne.  

Sous ses yeux, il voyait sa seconde incarnation se faire malmener par ce géant à la peau sombre. Dans une démonstration de force, de connaissance anatomique et de vitesse, il parvenait à contrer l'impact du bouclier tout en se glissant derrière le protecteur, avant de le maîtriser de ses deux bras. Ses membres qui tel des serpents venaient immobilisés ses épaules et sa nuque, s'enroulant avec vigueur et force en passant sous ses aisselles pour se boucler à l'arrière de son crâne, entrelaçant ses doigts pour verrouiller définitivement la position. L'invocation se débattait tant bien que mal, agitait la partie inférieur dans des mouvements de bassin d'avant en arrière pour tenter de créer un écart en lui et son adversaire, mais chacun de ses mouvements augmentaient davantage la tension que lui imposait le moine et déchirait peu à peu ses muscles et ses tendons. Quand soudain vint le basculement, en se penchant en arrière le bonze l'entraînait avec lui, le faisant rouler vers l'arrière jusqu'à écraser le sommet de son crâne contre le sol derrière. Dans une suite de mouvement désespéré, et ce malgré l'étourdissement provoqué par le choc, le porteur de bouclier tentait  une série de coup de pieds vers l'arrière, genoux replié, à la manière d'un équidé, il frappait aléatoirement et si la plupart manquait sa cible, certains parvenait à atteindre ses chevilles bien que la puissance ne soit pas suffisante pour faire lâcher sa proie au prédateur.

Un spectacle se déroulant sous les yeux d'un Edras impuissant, même si ces êtres n'avaient pas la même notion de vie que la nôtre, ils étaient à ses yeux un cadeau du très haut qu'il devait chérir, les voir se faire ainsi maltraiter les uns après les autres le plongeait dans une sombre colère. L'homme de foi arrivait malgré tout à se contenir, à ne pas la laisser l'aveugler, il canalisait l'énergie de celle-ci en alimenter la moindre de ses actions, qu'elle soit physique ou mental. Fendant l'air après sa prise d'appuie vertical avec la détermination d'un rapace fondant sur sa proie.

Cependant, quelques choses le perturbait, mais il ne pouvait rien y faire : l'être de feu. Cette flamme vivace porteuse de vie, il l'avait vu s'éloignée tracer une courbe large pour s'éloigner lentement de son champs de vision, et dans la vitesse de l'action, il avait pris une décision qu'il ne pouvait annuler, et malheureusement il allait le payer. En effet, un instant avant l'impact présumé avec sa cible, la luminescence intense témoignant de l'appétit carnassier du brasier qui fonçait sur lui se refléta dans son œil, l'alertant du danger, mais il était trop tard. Il s'empressait de lancer son sort, tout en tentant désespérément une vrille aérienne sur lui même. Forçant sur ses épaules et ses hanches d'une même direction, à la manière d'une hélice, il tentait de faire un tour dans un sens anti-horaire tout en rabattant le bouclier le long de son corps pour venir bloquer l'impact.

Malheureusement, il fut trop lent, si bien que la gueule ardente se referma contre ses côtes et son bas ventre dans un impact sourd qui l'envoya valser, alors qu'il n'avait effectuer qu'une moitié de tour. L'appétit qui constituait la vie de cet être de feu s'attaquait à ses vêtements et sa peau, dévorant aussi rapidement qu'elle le pouvait tout ce qui rentrait en contact avec elle. Edras s'écrasait lourdement au sol, forçant son corps à effectuer une série de roulade en absorbant pleinement la force du choc, de tel sorte que le feu se propage un temps sois peu moins vite tout en relachant son livre non loin de lui pour ne pas que le feu se propage jusqu'à lui. Dès que son corps récupéra du léger étourdissement de l'impact, il enleva tout ses vêtements en proie aux flammes, à commencé par sa longue veste ample qui couvrait la grande majorité de son corps. Jetant au loin le tissu auquel restait machinalement accroché la créature de flamme un court instant, il saisissait son ouvrage, s'éloignait d'un bond machinal avec la source de danger, et haletant, il posa un genoux à terre observant la situation tout en faisant le compte de ses blessures.

Torse nu, la partie du haute de son corps affichait des débuts de cloques sur sa partie droite, de légère traces noirs à l'image de langue de feu se dessinait jusqu'à son torse, couvert de zone rougeâtre parfois flétrit. Sa respiration lourde, gonflant et dégonflant sa cage thoracique faisait bouger la peau de son ventre, provoquant une horrible douleurs constante dont il ne pouvait se défaire. Son visage affichait une grimace contrôlé, tandis que ses yeux oscillaient entre ses deux adversaires et son propre corps dans un rythme effréné.

— Humpf.. grogna t'il faiblement pour exprimer sa douleurs tout en se redressant sur ses deux jambes. Quels odieux secrets  cachez vous pour les défendre avec tant de ferveur ?

Une question purement rhétorique qui manifestait sa volonté de continuer, cependant, si il avait parlé, cela trahissait aussi sa fatigue. Inconsciemment, il gagnait du temps, cherchait à palier ses nouvelles blessures, à établir une nouvelle stratégie, il observait en somme à nouveau, restant sur la défensive.