Théorie néo-évolutionniste

1. Idées directrices :

L’apparition des pouvoirs n’est ni plus ni moins que le fruit de la confrontation entre la sélection naturelle et l’évolution génétiques des êtres vivants.  Il ne doit pas être considéré autrement. C’est l’idée sur laquelle se base leur théorie.  Et, considérant ainsi que ces propriétés surnaturelles sont finalement liées à notre chemin vers une forme de vie évoluée, ils sont évidemment en faveur de leur utilisation et militent pour le droit à en disposer.

Les théoriciens de cette guilde sont, pour la plupart, des savants, faisant œuvre d’une connaissance théorique et historique encore inégalée. Fermement opposés aux empiristes sur ce point-là, ils ne se font pas remarquer par leurs savoirs pratiques et ne comptent pas beaucoup de guerriers dans leurs rangs. Ils sont surtout une machine à penser. Et compte tenu de cela, ils n’adhèrent pas à l’idée d’affirmer ses pouvoirs par la force.

Leur puissance de frappe est ainsi limitée à l’usage de milices exogènes.  Les membres officiels de la guilde cherchent autant que possible à éviter toute forme de conflit, préférant la ruse ou la fuite. Ils ne manquent pas de courage, mais sont conscients de leur infériorité militaire et martiale. Ils cherchent simplement ce qu’ils pensent être la vérité et n’attaquent qu’en cas d’extrême urgence.

2. Principaux acteurs :

Ika Alttali était un homme de savoir, maître du Quadrivium (une discipline réunissant biologie, arithmétique, mathématiques et astrologie) et doté du pouvoir de visumisme (voir à travers la matière).

Il observa très jeune la matière changer chez les possesseurs de pouvoirs, qu’il réussissait à distinguer des autres dans la rue. Il y avait déjà fort à parier qu’il réussirait des exploits scientifiques plus tard. Cela ne rata pas. Il développa petit à petit sa thèse en se basant sur l’idée que la nature faisait évoluer les êtres vivants et qu’elle les testait sans cesse. Au commencement, son écho était faible, mais il grandit au fur et à mesure des années, convaincant de plus en plus de personnes.

La rationalité tentait de prendre le contrôle dans la course à la légitimité. Il en était le représentant, et après une vie passée à lire au fond des êtres, il se rendit à Previsu, pour y fonder son institution et y transmettre quelques préceptes. Il tenta de prescrire la recherche de vérité à tous les néo-évolutionnistes, sans pour autant les conduire à l’affrontement direct. Il expliqua longuement que c’était aux confins du Monde Inconnu que les réponses les plus rationnelles pourraient être trouvées. Il n’avait malheureusement pas plus d’explications que cela.  

Chacun, à sa manière, posait sa pierre. Il est aujourd’hui décédé.


Lutio Evo est également un grand nom de la théorie néo-évolutionniste. Il était le chef-médecin du corps royal pendant plus de 40 années, et s’est, dès les premières apparitions des pouvoirs, positionné en faveur de la théorie d’Alttali.  Il est hautement estimé au sein de la communauté et est notamment connu pour avoir orienté la politique du Roi pendant quelques années, avant de se faire décapiter. Il est perçu par certains comme un manipulateur, par d’autres comme un martyr, et par encore d’autres comme le meilleur des militants. Les visions divergent et constituent à ce titre un sujet de controverse encore houleux.  

Cet homme n’a jamais eu de pouvoir. Il était cependant un immense docteur, capable de soigner de graves maladies en une seule consultation. Sa légitimité était une chose auprès des malades, mais auprès des illustres théoriciens, on considérait souvent son estime pour la pensée scientifique comme un fanatisme et d’aucuns le critiquaient sur le caractère bancal de ses allégations.


Shoyo  Pesquisa est aujourd’hui l’actrice la plus primordiale du mouvement. Dotée du pouvoir d’archivage psychologique, elle a entamé avec l’aide des convaincus un long travail d’archivage et de recherche historique – dont l’adhésion à l’Ordre Diligent est un passage quasi-obligatoire. N’ayant pas pu convaincre par la scientificité du propos, et parce que la vérité étant avant tout sociale, elle statua sur le fait qu’il fallait sans doute prouver ça par l’histoire.

Sa puissance cérébrale fait d’elle une illustre, que dis-je, une immense théoricienne. Certains la considèrent même comme l’actuelle cheffe de la guilde. Idéologiquement alignée sur la pensée du Grand Altalli, elle prend toutefois de plus en plus de liberté quant à ses préceptes initiaux et tend à réformer le principe de non-violence.

Ce qui explique, ainsi, l’afflux croissant de mercenaires au sein de leurs rangs.

Elle est une femme forte, presque trop. Et la raison à cela, n’est autre que son intelligence infinie. La rationalité absolue lui a fait perdre ses repères sociaux. Elle en devient même parfois incompréhensible.

Elle détient déjà un « codex » dans lequel est répertorié l’entremêlement de toutes les visions néo-évolutionnistes. Et est en bonne voie pour obtenir un second manuscrit dans lequel sera retranscrit l’histoire des pouvoirs et peut-être bien, l’histoire de Gamaran.

Elle siège, accompagnée de plusieurs autres illustres théoriciens, dans l’Institution du Grand Altalli, à Previsu.

3. Histoire de la mouvance :

L’histoire de la mouvance n’a pas été dictée que par de grandes individualités. C'est, à vrai dire, tout le contraire : le regroupement des grandes théories, dont celle d'Altalli est la plus connue, constitue le véritable point d’ancrage du mouvement néo-évolutionniste. Le mouvement trouva ainsi sa véritable identité au cours d’un long conciliabule, appelé « la fédération des sciences », où plusieurs grands philosophes se sont évertués à trouver une définition d’accord. Cette définition donna ainsi naissance à de nombreuses conflictualités, notamment avec l'approche empiriste, que les néo-évolutionnistes considéraient comme incomplète. En effet, les grands théoriciens, qui, initialement, faisaient du pied aux empiristes, dont ils trouvaient la démarche assez louable, se sont tous ligués contre eux à l'issue de la fédération des sciences. Rien ne renforce plus l'amitié qu'un ennemi commun. C'est autour de cette ferme opposition, que les néo-évolutionnistes se sont rattachés, basant désormais leur mouvement sur la rationalité théorique et sur une démarche visant à démontrer que l’évolution graduelle des formes de vie se dirigeait vers les pouvoirs.

Cette initiative visant à mêler scientificité biologique et historicité, a conduit Shoyo Pesquisa, alors jeune maîtresse d’histoire, à prendre la tête du mouvement. C'était il y a à peu près 10 ans, et depuis, un long travail d’archive est dès lors en marche.

L’institution Altalli et les quelques quartiers néo-évolutionnistes fonctionnent depuis leurs assemblages comme un conseil philocratique, où les plus lettrés sont les plus puissants.

Prouver par la science, et pas par la violence. Telle a longtemps été la doctrine des néo-évolutionnistes, et aujourd'hui encore, elle est fermement corrélée à l'exercice du pouvoir. Cependant, force est de constater que la guerre a modifié les mœurs dirigeantes et force les ambitions non-violentes à se rétracter, au profit d'une action de plus en plus agressive.

La quête proposée par le Roi et l’Ordre Diligent sont estimés, par le mouvement, comme une véritable occasion pour briller. Et comme la seule solution pérenne pour mettre fin aux conflits d'idéaux.

4. Implication au sein du conflit :

Impliqués malgré eux, tout compte fait.

Les néo-évolutionnistes ont toujours regardé d’un œil incrédule les réponses de Previsu aux attaques rigoristes. À défaut d’amener des résultats, les contre-attaques menées par les empiristes, les tantristes et les prophétistes dans la Cité Secondaire n’ont seulement entraîné qu’une escalade de la violence et de nombreuses pertes civiles.

Ils n’ont jamais participé à une offensive hors des murs de leur ville, mais commencent à protéger de plus en plus sévèrement leurs quartiers des attentats rigoristes et des guerriers du Bandit Trap. Pour des raisons évidemment financières, mais aussi idéologiques, ils n’ont jamais opté pour trop d’équipements militaires. Les infrastructures néo-évolutionnistes et leurs nombreuses technologies sont destinées uniquement aux recherches biologiques, et n’auront jamais, au grand jamais, pour objectif de construire de l’armement.

Compte tenu de ce positionnement clair, mais dans l’obligation de se défendre, Shoyo Pesquissa a décidé de conclure plusieurs accords avec des guildes de mercenaire du centre de la Terre habitable. Une protection armée, aidée par les réflexions stratégiques des grands oligarques intellectuels de la guilde, leur permet ainsi de survivre face aux exactions de l’opposition.

Pour autant, malgré la prépondérance de cette philosophie pacifique, dire que les néo-évolutionnistes ne sont pas des bons combattants serait une erreur. On compte au sein de la guilde quelques grands guerriers, dotés d’une intelligence martiale à toute épreuve. Cependant, ils ne brillent pas sur les champs de bataille et s’évertuent à démontrer l’étendue de leurs capacités au cours des expéditions menées par la guilde.

En résumé, les néo-évolutionnistes s’adaptent à la vie de Previsu, en participant activement à la protection de la ville, mais ne s’aventurent pas sur le font pour y livrer bataille.

5. Organisation hiérarchique :

La faction néo-évolutionniste est, en surface, régie par un conseil nommé « L’Assemblée des Convaincus ». Elle est composée de 6 illustres membres, appelés les « magistères », « grands théoriciens » ou, plus vulgairement, « convaincus », ayant été sélectionnés au motif de leurs compétences théoriques et de leur savoir exceptionnel. En effet, le critère principal d’éligibilité à un tel poste n’est pas un fait d’arme concret sur le champ de bataille, ce n’est pas non plus une prouesse technique dans un laboratoire, mais tout simplement, le monopole de la connaissance dans un domaine précis, autrement dit, un niveau inégalable. Etude des réactions chimiques, sémiologie des pouvoirs, philosophie naturelle, science des physiques mécaniques, médecine et historiographie générale sont, pour l’instant, les 6 forces de la guilde, dont les grands théoriciens se sont fait les maîtres incontestables.

Ainsi, étant donné que chaque magistère détient une culture qui lui est propre, et que la chambre est composée théoriquement de membres égaux, les décisions sont collégiales et elles sont, généralement, prises après un long débat. La responsabilité des directives annoncées incombe, donc, à chacun des magistères, et le poids des erreurs commises par la guilde est à leur entière charge.

On reproche souvent un certain immobilisme à ce parlement, et de trop longues discussions face à l’imminence des évènements. Maintenir l’équilibre et respecter les choix de chacun des convaincus s’oppose fréquemment à l’efficacité et la rapidité de décision. La guerre est ce qu’elle est, elle pousse les gens à se contenter du nécessaire, et à dédaigner le superflu. C’est la raison pour laquelle, de plus en plus souvent, les factionnaires font pression de l’extérieur sur la chambre pour que les décisions de Shoyo Pesquissa, estimée comme étant l’actrice la plus emblématique de la guilde, priment sur celles des autres.

Il y a donc une réalité factuelle : quelqu’un domine cette secte, de manière indirecte, et il s’agit de Shoyo Pesquissa.

8. Symbole – Emblème :