Gamaran
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 Éternelle confrontation

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Gaijin
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Gaijin


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Date d'inscription : 13/06/2018

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MessageSujet: Éternelle confrontation   Éternelle confrontation Icon_minitimeJeu 26 Mar - 16:14


Depuis des heures, des coups de canon résonnaient en cœur avec les cris de détresse des habitants de la bâtisse, tous deux réglés sur un métronome dont le cliquetis paraissait désormais inéluctable. L'impact des projectiles faisaient trembler l’entièreté du fort, tout en emportant une partie de ses fondations. Les survivants, cherchant désespérément un moyen de s'échapper de cet enfer, se heurtaient à des toujours plus d'obstacles : les trous béants laissé par les catapultes qui fragilisaient leurs prises d'appuies ; les flammes affamées avalant goulûment tout ce qui se trouvait à l'intérieur, des tapisseries aux bibliothèques ; les nuages de flèches, assombrissant le ciel dans leur ascension, pour venir s'écraser hasardeusement sur la forteresse et empaler quelques malheureux ; et surtout, l'armée de soldats ayant pénétré les lieux et se développant comme une véritable fourmilière pour tuer et violer tout ce qui se trouvait sur leur passage.

Gaijin, abasourdit, observant avec impuissance son monde tomber en ruines, titubait dans les couloirs enfumées et encombrés par les nombreux débris. Son arme brisée en main, sans la moindre pièce d'armure restante sur son corps, accablé par le nombre interminable d'ennemi qu'il se tuait à terrasser depuis le début de l'assaut, il errait. Il errait là où, il y a encore quelques heures, ces mêmes couloirs qu'il arpentait avec difficulté étaient encore plein de vies, colorés.. Un véritable havre de paix devenu désolation, une abîme, et certainement un avant goût de ce qui l'attendait au purgatoire pour tous les péchés qu'il avait commis dans sa vie. Toutes les vies qu'il avait ôté.. C'était donc ce qu'elles avaient ressenties ? Cette détresse. Cette absence d'ordre et de cohérence. Cet espoir illusoire qui s'estompait petit à petit à mesure que l'on s'y accrochait. Était-ce la fin ?! Avait-il réussi à les tromper après tout ? Cet enfoiré de Jōka..

Le souffle court, il finit par s'écrouler au pied de la grande salle. Il était le seul à avancer dans le sens inverse à celui des portes menant à l'extérieur, croisant des visages terrifiés se hâtant à chercher l'exil en le bousculant, là où Gaijin, lui, cherchait vengeance. Il chercher à se frayer un chemin vers la salle du trône où le cadavre de son seigneur gisait sûrement. A genoux, le corps ruisselant de sang, couvert de plaies, un œil ôté dans la bataille, il observait cette masse informe, confuse, bruyante, avancer dans sa direction et le traverser comme s'il n'était pas là. Ne pensant qu'à leur survie. Était-il le seul qui n'avait pas renoncé ? Pourquoi est-ce qu'ils fuyaient ? N'avaient-ils donc pas une once d'honneur ? Et lui ? Qu'est-ce qu'il faisait à genoux ? Était-il un de ces insectes ? Non. Il posa sa lame avec force sur le sol pour y déposer tout son poids sur un bras tremblant d'épuisement, mais solidifié par sa volonté. Une jambe se leva, puis accompagnée par sa comparse pour finalement soulever l'homme aux portes de la mort, non sans mal. Il tanguait, ses bras ballants le long de son torse lui servaient de balancier. Dans un dernier souffle de vie, pour son peuple, pour son seigneur, pour ses valeurs, il poussa un puissant cri de rage, à mesure que les soldats de l'armée ennemie pénétrait en trombe. dans la grande salle. Hurlant le nom du commanditaire de cette attaque : son plus vieux compagnon, son frère d'arme, celui qui avait trahi sa nation..

Éternelle confrontation Hw6n

JŌŌŌŌŌŌŌKAAAAAAAAAAAA !

C'est lui ! C'est le Dragon ! Jōka-sama veut sa tête ! Emparez-vous de lui ! hurla l'un des soldats du peloton.

A ces mots, la centaine d'homme et leur unique ennemi fendirent les uns sur l'autre. Gaijin se mouvait avec une agilité, et frappé avec une hargne étonnantes pour son état proche de la mort. Il ne se déplaçait qu'avec ses jambes, et usait de l'inertie de ses bras ballants pour bouger son buste et esquiver les lances pointant dans sa direction, et frapper de son arme en miettes..

« C'est ça.. C'est ça, क्षितिगर्भ .. Vient..  »

.. pour faire tomber plusieurs membres et têtes. A son tour, quelques lames vinrent aggraver ses plaies, puis une lance traversa sa cuisse, lui laissant expirer un lourd et long râle de douleur. Mais s'il plia, jamais il ne rompit. Ses mouvements devinrent de plus en plus amples, mais de plus en plus féroce, des plus en plus bestiaux..

« Vient à moi.. VIENT À MOI !»

.. le poussant à faire moult erreurs que ses ennemis prirent à pleine main. Une lame courbée, jaillissant de nulle part, fendit l'air pour se diriger vers son cou. Le premier contact avec l'acier eut l'effet d'un électrochoc, et..


Éternelle confrontation Dk6m

Raaaaah.. s'écria soudainement Gaijin en sortant de ses songes, haletant, couvert de sueur.

Tout ceci n'était donc qu'un rêve ? La main crispée sur son visage, il cherchait son souffle, à mesure qu'il tentait de reconstituer ces images oniriques. Non.. Tout ça paraissait si réel.. Si.. Proche. Mais pourtant si lointain en même temps. Et puis cette voix.. Sa voix. La voix de la bête. Pourquoi avait-elle résonné de cette façon ? Elle n'avait que rarement été aussi claire, aussi limpide, aussi.. cruelle. Qu'est-ce que c'était que ça, putain ? Mais très vite, des serres chaleureuses vinrent accrocher son épaule, puis une mélodie apaisante attirèrent son intérêt. Il sentait enfin le soleil frapper sa peau et dissiper ses chimères brumeuses. Son rythme cardiaque se régula, et son souffle revint - un fin sourire vint même perler ses lèvres sèches en voyant le petit oiseau coloré posé sur son épaule.


Et tout lui revint. Le voile opaque s'était enfin levé. Il pouvait pleinement profiter du radieux spectacle qui s'offrait à lui. Le jour se levait à peine, laissant toute la vie de la forêt le suivre sur ses pas. Emplissant ses poumons d'airs - principalement une dernière manœuvre pour sortir de sa stupeur - il ressentait tout ce qui l'entourait, des rongeurs sortant de leurs tanières à la perle de rosée qui terminait sa nuit en glissant de son hôte pour finir dans les fourrés en contrebas. Son arme et son équipement placé près de lui, placés soigneusement contre une pile de bois servant à alimenter le feu qui lui faisait face - et désormais éteint.

Il se leva à son tour, encore quelque peu secoué, et prit la direction du ruisseau le plus proche dans lequel il plongea son visage dans un râle de satisfaction. Bien qu'il appréciait pleinement ces sereines et douces énergies, il ne pouvait qu'être envahie par une profonde mélancolie. Principalement de par son rêve des plus étranges, mais aussi à cause d'un étrange pressentiment. Viscéral. Comme si quelque chose d'inévitable allait arriver. Cette journée n'allait être comme aucune autre qu'il a connu jusque là, et pourtant il semblait connaître cette journée. Il se sentait aussi apaisé que tendu. Comme si toute son existence l'avait mené à ce moment précis qui pourtant lui paraissait familier. Un étrange paradoxe qu'il n'arrivait pas encore à définir, préférant s'asseoir au pied d'un arbre, où il fût très vite rejoint par quelques animaux environnants, attiré par sa présence.

Allaient-ils être les seuls ?
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Tahani
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Tahani


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Localisation : Dans tes yeux.

Statistiques du personnage
Nature du pouvoir: Ogham Futhark ⸺ Sceau runique
Nature de la maîtrise: Herrendienst ⸺ Escrime des anciens maîtres
Inventaire:

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MessageSujet: Re: Éternelle confrontation   Éternelle confrontation Icon_minitimeSam 28 Mar - 19:45


   
Éternelle confrontation ?


« Si tu perds, tu meurs,
Si tu gagnes, tu vis,
Si tu ne combats pas, tu ne gagnes pas…
Alors, bats-toi.
»


Éternelle confrontation T7ks


Irmin marchait prudemment le long d’une allée, sans aucun bruit. Ses pas s’enfonçaient dans un tapis noir, feutrant chaque impulsion, diffusant tout son poids dans une longue et lente amplitude qui absorbait toute chose. Son corps tout entier semblait drapé d’un voile d’ombre, d’un linceul qui épousait ses formes avec une ténébreuse volupté et qui, sans qu’il ne se débatte pour autant, encombrait tout mouvement brusque. Petit à petit, cette toile qu’il arpentait, ce textile frêle, mais si résistant, qui l’enveloppait, commençait à se rigidifier, à retenir certains gestes, à refuser des directions... Lentement, il se faisait dévorer.

Une pénombre abyssale lui était imposée à chaque perspective, et Irmin avait beau s’arrêter, se tourner à droite, à gauche, essayer d’apprivoiser la douce étreinte qui se resserrait sur lui, rien n’empêchait sa constriction. Le tissu, toujours plus vorace, se colla à sa peau, serpenta le long de ses courbes et se plaqua sur son visage. Ses narines et sa bouche, complètement obstruées, saturées, furent très vite inutilisables et le sentiment d’oppression, de panique qui le gagnait, fut alors insurmontable. Des larmes perlèrent sur le coin de ses yeux alors qu’il cédait enfin à la panique que cette situation lui suggérait depuis le début. Que pouvait-il faire ?

Il se débattit du mieux qu’il put. L’air, qui manquait de plus en plus, devenait une denrée précieuse, et chaque bouffée s'évanouissait dans les plis du linge. Irmin le constatait difficilement, en s’agrippant la gorge, sans pouvoir hurler au secours : il était pris au piège. Ses yeux, sous l'asphyxie, semblaient s'exorbiter, mais eux-aussi étaient finalement contenus par la toison... Vaincu par strangulation, il tombait, étouffé, emmitouflé.

Toutefois, avant d'accueillir sa chute, le sol s'écarta et le vide lui tendit les bras. Sans s’en rendre vraiment compte, il trébucha dans une trappe surprenante et entama une dévalée gargantuesque, en se détachant du grand tout avec lequel il ne faisait qu’un. Offert à la descente, son corps s’étira, son buste se distendit, et drap par drap, les couches qui le recouvraient, le retenaient, s’envolèrent et offrirent un gain d'accélération à sa masse, mouvante. Un vent battant fit subitement palpiter ses tympans et alors qu’il haletait, en cherchant une once d’oxygène à aspirer, il fut soudain exposé à de violentes exhalaisons, explosives et revigorantes. Tout devenait clair, limpide. À mesure qu’il dévalait l'abîme, des petites lumières apparurent à ses côtés, en suivant sa chute, et les parois du sentier se dévoilèrent. Des formes floues, incertaines, mouvantes, poignaient tout autour de lui.


Éternelle confrontation N2zj

Irmin demeurait silencieux, bouche bée, à la fois extasié et terrifié. La force avec laquelle il se faisait attirer vers le bas dévorait son être, mais il ne pouvait s'extirper à cette contemplation mirifique qui lui était offerte. Un sentiment étrange, entremêlé d'apaisement, de joie innocente et d'excitation, gagna ses tripes, bouillonna dans sa gorge, à mesure qu'il scrutait le décor, du coin des yeux.

Des senteurs soudaines gagnèrent ses naseaux jusqu'alors totalement inactifs, endoloris. Des parfums d'enfance : des crépitements sucrés, l'odeur de l'herbe humide et du pétrichor, les grésillements olfactifs des tourtes chaudes, le foin de l'étable... Du noir à l'anthracite, les teintes évoluèrent jusqu'à ce qu'une couleur violacée n'envahisse totalement le paysage... Puis, d'un coup, d'un seul, les textures, les lignes, les sons, les impressions réapparurent. Il découvrait un cadre familier, bienveillant. Les hantises prenaient fin, enfin.


Vous reprendriez bien un peu de châtaignes ? Non ? Du pigeon, alors ?
Sire ! Je vous en prie, écoutez donc cette galéjade !
Ah ah ah ah ah ! Encore ! Allez-y !

Irmin, comme porté par des fils divins, atterrit avec légèreté à sa place, au bout d'une tablée immense, remplie de mets savoureux, de boissons alcoolisées, entourée de danseurs et d'arlequins. Il observa ses mains, pour se rassurer. Leur netteté n'était pas encore totale, mais il comprit très vite qu'elles étaient munies d'un couteau et d'une fourchette. Elles ceignaient, allègrement, un plateau sur lequel trônait une tourtière appétissante, à demi-dévorée.

Un sourire innocent, très fin, presque imperceptible, gagna son visage, alors qu'une goutte de sueur coulait le long de sa joue. Il était embarrassé par tant de fastes... Tout du moins, il n'y était plus habitué. Ici, sa vie était celle d'un enfant privilégié et cette journée d'abondance, de festivité, était d'une banalité quotidienne. Il n'avait jamais manqué de rien, et avait, au contraire, toujours été nanti de la plus haute gratification pécuniaire.

De l'autre côté de la table, à son extrême opposé, siégeait un homme gras, entassé, joufflu et ridé, dont la chevelure d'onyx accueillait, non sans une certaine grâce d'appoint, une couronne incrustée de pierres précieuses. Sa main droite pendante tenait, d'une poigne désintéressée, une coupe remplie de vin de mûre, tandis que sa gauche soutenait un menton tombant, lourd. Il était complètement avachi sur sa cathèdre, et dégoulinait presque par-dessus les accoudoirs. Son regard, presque mort, semblait fixer l'horizon, avec une constance déroutante, et plus Irmin lui rendait le coup d’œil, plus il comprenait, petit à petit, que ce Roi le considérait.

Éternelle confrontation Svpa

Gêné, il balbutia et baissa aussitôt la tête, en faisant mine de chercher quelque chose à ses pieds, mais... Le dévolu de ce souverain s'était définitivement abattu sur lui. Prenait difficilement appui sur ses coudes, le gros monarque leva sa carcasse et dressa son bras face aux convives, dans une ascension solennelle, significative, que tous connaissaient pertinemment. Une petite toux introductive et son discours débuta.

Aujourd'hui, frères et sœurs, maris et femmes, enfants et parents... marqua-t-il, d'un long silence éloquent, est un grand jour. Profitez des victuailles, humez ce bon parfum de bonheur qui nous enivre, appréciez-en tous les arômes ! J'ai une sainte nouvelle à vous annoncer... Il tendit son verre dans la direction d'Irmin. IRMIN, MA PLUS GRANDE FIERTE, MON FILS BIEN-AIME, VIENT D'AVOIR DIX-HUIT ANS ! APPLAUDISSEZ-LE !!! Comme feint, comme surjoué, tous se tournèrent, également, vers le jeune prince, et entamèrent, dans un mimétisme à peine démantibulé, une vague d'applaudissement enjoué, des sifflements, des acclamations.  Viendra le jour où, dans dix ans, il me succédera. Oh, je sais, il faut savoir mourir... il faut savoir... mourir... mais mon heure n'est pas encore arrivée. Était-il dans le vrai ou dans le faux ? Et je tiens tout particulièrement à... Son timbre fut stoppé net, coupé sur le fil. Sa bouche grasse, embourbée de nourriture, resta suspendue, entrouverte, et ses pupilles se dilatèrent, subitement, jusqu'à, presque, imploser. Un filet de sang coula de sa narine gauche, et alla se perdre dans sa moustache, s'étaler sur toute la largeur de ses lèvres. Aaaarrrghhhh... Un long râle se dispersa.


Un mouvement, grouillant, mystérieux, mystique, fit bouger sa houppelande au niveau de son ventre. Tel un serpent, insidieux, pernicieux, quelque chose semblait se repaître de ses entrailles depuis l'intérieur de son corps, et à en juger par les va-et-vient que sa robe, ample et lâche, dessinait, le mal avait envie de s'échapper, de sortir, de se projeter. D'une gerbe tonique, par à-coups multiples, une lame éventra le bas du ventre du Roi. Elle explosa dans une coulée sanguinolente, qui dégoulina le long de ses hanches. Son vieux faciès pustuleux se crispa de douleur, se tordit dans tous les sens, et alors qu'il commençait à hurler, en bavant, en s’agrippant tant bien que mal les lambeaux de peau qui semblait qui s'enfuir de sa chair, quelqu'un apparut dans son ombre.

Irmin, complètement désemparé, s'était levé, guidé par une peur qui faisait bouger son corps sans maîtrise. Tout autour de lui, les convives s'écartaient de la table, s'éloignaient du Roi maudit, s'abandonnaient à la panique de foule, qui rendait les individus incontrôlables. Mais le prince fixa davantage la silhouette qui se distinguait des formes du trône, pour l'identifier, pour ne pas se laisser avoir par cet effroi qui obstruait tout sens critique. Quelle que ne fut pas sa surprise lorsqu'il constata que...

Éternelle confrontation 5jy1

Le régicide s'avérait être lui. Un autre lui, en tout point semblable... Une lueur démoniaque, pourtant très sereine, faisait vibrer l'iris de son alter égo, alors que le jeune Irmin commençait à, lui aussi, finalement, céder à la folie. Toutefois, avant même d'agir, de se laisser mouvoir par les effluves instinctives, animales, qui faisaient ballotter les  bêtes de proie, il fut stoppé par la voix du Roi, qui se mourrait. Sa bouche ensanglantée s'ouvrit lentement, à la manière d'une herse.

TUEZ-LES ! TUEZ-LES ! TUEZ-LES TOUUUUS !!! Ses pupilles noires absorbaient le blanc de ses yeux, comme si un mal, comme si une maladie, s'emparait de lui. TUEZ-LES ! TUEZ-LES ! TUEZ-LES TOUUUUS !!! Sa peau se flétrissait à vue d’œil. Elle n'était seulement plus que putréfaction, dépérissement, et comme des écailles, comme des alvéoles de plus en plus obscures, elle se transforma en une sorte de mucus rigide, difforme, qui, au fur et à mesure de ses cris de guerre enragés, devenait l'enveloppe d'un monstre protéiforme, tout droit sorti d'outre-tombe. TUEZ-LES ! TUEZ-LES ! TUEZ-LES TOUUUUS !!! Il s'émaciait, fondait sur place, et ne cessait de proclamer la même rengaine sordide... TUEZ-LES ! TUEZ-LES ! TUEZ-LES TOUUUUS !!!

VOTRE ALTESSE !!!

TUEZ-LES ! TUEZ-LES ! TUEZ-LES TOUUUUS !!! Tout semblait s'éroder. Inlassablement. Les morts se réveillaient, la vie s'éludait. Les enfers venaient d'être invoquées, ici, maintenant... alors que l'heure était pourtant à la détente, à l'amour, à la joie.

OUHOU !!! VOTRE ALTESSE !

TUEZ-LES ! TUEZ-... Le sol tremblait, laissant place à un océan de boyaux mouvants... Les murs s'effondraient, absorbés par un monceau de ronces déchaînées... Son ombre fusionnait avec le nouveau monstre, et ensemble, ils s'apprêtaient à lui foncer dessus pour lui dévorer son âme. Les sentiers de la perdition s'établissait, telle une marque éternelle, autour de lui, ils l'entouraient, l'emprisonnaient. Les gens commençaient à mourir et lui non plus, n'allait pas tarder à rejoindre les damnés. Il n'y avait plus rien à faire...

Éternelle confrontation 54v0

VOTRE ALTESSE ! RÉVEILLEZ-VOUS, BORDEL !!! Cette voix tonitruante venait de le sortir de son terrible cauchemar. Comme à son habitude, d'un transpercement insolite, d'une percée courageuse, cet homme l'avait sorti de ses déboires. Il avait bravé les ténèbres, plongé à bras le corps, sans hésiter une seule seconde, pour le tirer in extremis de la noyade.

— Herald... soupira, encore transpirant, Irmin. Il avait encore du mal à reprendre un souffle tranquille, la panique le quittait graduellement. Il émergeait. Merci... Tu m'as sauvé. Le colosse était accroupi devant lui, prêt à le gifler à la moindre crise d'angoisse pour freiner ses atermoiements les plus véhéments. Pour ne pas changer, son haleine empestait déjà la bière forte. Combien de temps me suis-je assoupi ?

Je dirais... une petite heure, mais là n'est pas la question. Il y a un guerrier prêt de la rivière, à peine à une lieu de notre position. Je vais partir en éclaireur pour le cueillir. Toi, reste ici et prend le temps de te réveiller. Il y a encore du lapin de la veille si tu veux déjeuner.

— Très bien, lâcha Irmin en adressant un sourire innocent à son ami et protecteur. Il se redressa avec une étonnante souplesse, et entama quelques petits étirements pour décrasser la mécanique. Fais quand même attention à toi. D'un petit geste du bras, empli de douceur, il l'enjoignit à quitter sa position pour partir baliser le territoire. Après tout, la situation demandait à ce qu'ils soient extrêmement précautionneux. Il ne fallait prendre absolument aucun risque.


Acquiesçant avec la fermeté d'un commandant des armées, Herald tourna les talons et se propulsa en avant, arme en main, pour aller débusquer celui qu'il soupçonnait être un de leurs poursuivants. Cette bête de muscle dépassait très aisément les deux mètres, et avait tout d'un ours. Son pas, lourd de son énorme poids de corps, était néanmoins allégé par la stabilité de chaque appui, par la flexibilité avec laquelle il faisait pivoter son bol de pied pour adoucir chacune de ses foulées. Il avait l'habitude des chasses, des combats, et il savait pertinemment que, malgré l'avantage de l'allonge et de la puissance que son corps lui offrait dans un affrontement direct, il valait mieux dissimuler sa présence avant les premières hostilités.

Il ne fallut pas plus de cinq minutes pour atteindre le point de chute et s'abriter aussitôt, dès que possible, dans un des bosquets qui bordaient le ruisseau. Son regard, amusé, se teinta d'un sérieux de guerre. Il connaissait cet homme, il l'avait déjà aperçu par le passé. Il était d'une dangerosité rare. Gamaran abritait bel et bien de sacrés spécimens, de rares démons dont les noms et les évocations suffisaient à créer canitie et calvitie dans le camp adverse.

Aussi, il ne chercha pas à comprendre plus longtemps et envoya, d'un lancé net, sans bavure, distinct, l'une de ses haches s'écraser à côté de son ennemi présumé, en guise d'introduction, avant de se dresser fièrement, en contre-plongée, pour cacher le soleil de toute sa carrure et entamer les présentations.

Éternelle confrontation Vlp5

Ecoute-moi, mon mignon... Je ne sais pas ce que tu es venu faire ici, mais je préfère prévenir que guérir. L'identité d'Irmin ne devait en aucun cas être découverte. Les enjeux de leurs missions étaient bien trop grands. J'ai l'impression d'être suivi, et tu vois... Je déteste cette impression. Alors, il vaudrait mieux que tu rebrousses chemin. Sinon... Il singea une tête décapitée du bout de son hachoir.

Est-ce que Herald était en train de se fourvoyer ? Peut-être. En attendant il était plus judicieux de se tromper en attaquant quelqu'un plutôt qu'en ne l'attaquant pas. Une erreur d'appréciation, et il perdait tout. Sa vie et celle de son protégé. Alors, comme il l'avait toujours fait, il fonçait, tête baissée, pour battre le danger quand il s'augurait. Rien n'était plus précieux que la vie de ce jeune homme, car c'était sur ses épaules que tout reposait.

Qu'est-ce qui allait émerger de cette rencontre ?
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