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 Archives - Ryūsuke | Toji

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Gaijin
Déserteur
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Gaijin


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Date d'inscription : 13/06/2018

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MessageSujet: Archives - Ryūsuke | Toji   Archives - Ryūsuke | Toji Icon_minitimeLun 10 Juin - 9:24

Réminiscence de Confrontation


Cela faisait déjà des jours que Ryūsuke errait dans cette immense plaine désertique, ayant depuis longtemps abandonné l'idée d'atteindre les objectifs qui lui avaient été donnés. Lui qui avait passé sa vie sur les champs de batailles à faire parler ses armes, se voyait effectuer une mission d'investigation, par essence plus.. passive que ce qu'il a pu connaître dans le passé, et s'en délectait. Mais les extrêmes des températures capricieuses du désert fluctuant entre le jour et la nuit avait fini par fragiliser son organisme, et ses rations commençaient à se raréfier dangereusement.


Archives - Ryūsuke | Toji Yp5f


Lui qui avait connu famine dans son enfance n'en tenait réellement rigueur, se disant simplement qu'il allait tomber finir par tomber sur des ressources ou des habitations où il pourrait se sustenter. Ce n'est que lorsque que le fond de sa bouteille de saké brun fut perceptible qu'il commença à réellement perdre espoir. Le manque de nourriture était une chose.. Mais ne pas pouvoir étancher sa soif lui était inconcevable ! D'autant plus qu'avec cette impression que le soleil était toujours à son zénith, il perdait la notion du temps et de fait, des distances. Ne pouvant évaluer depuis quand il marchait, ni quelle distance il avait parcouru jusqu'à son entrée dans ce désert interminable. Les mirages déformaient sa vision et il ne pouvait pas déceler ce qui se trouvait à plus de cent mètres de lui. Par chance, il ne pouvait lui non plus être perceptible et ne craignait aucune offensive surprise : son sugegesa lui couvrait entièrement le visage et l'intégralité de son corps était camouflé par une longue cape couleur sable qui le rendait difficilement dissociable de son environnement.

Son corps était de plus en plus lourd et ses pas s'enfonçaient lourdement dans le sable. Il porta sa bouteille de saké à ses lèvres mais pas une goutte n'en sorti. Il la secoua frénétiquement, espérant que de l'alcool en sorte comme par magie, mais n'en fut que plus déçu. Au moment où il allait abandonner tout espoir et s'allonger au milieu des dunes pour s'endormir pour la dernière fois, il fut captivé par des petites perles dorées virevoltantes devant lui. Elles convergeaient toutes dans une même direction. Pensant d'abord à une hallucination, Ryū se frottant vigoureusement les yeux puis jeta un vif regard à sa bouteille vide, comme si elle pouvait en être la source. Pensant plus tard à des insectes luisant, il était comme envoûtée par ceux-ci, et finit par les suivre machinalement - manquant de trébucher à de nombreuses reprises - jusqu'à atteindre à son tour leur point de convergence : un modeste bâtiment en plein désert. Il semblait être taillé à même la roche, perdu entre de large dunes et offrait un spectacle architectural inédit, une dichotomie étonnante entre naturalité et anthropisation, comme s'il avait été façonné par la nature elle-même, et non par l'homme. Dès lors, Ryūsuke comprit. Ce qu'il prit pour des insectes luisant étaient tout simplement des grains de sables illuminés par les rayons crépusculaires qui s'engouffraient dans l'ouverture de la bâtisse de pierre, amenés par un courant d'air. "A boire !" avait-il murmuré difficilement, les lèvres et le palais aussi secs que le désert qu'il foulait. Avec le peu de force qu'il pu mobiliser, il pénétra la grande arche de pierre pour découvrir un large espace en plein air où était disposées quelques "tables" de fortune - qui n'était en fait que des larges rochers assez plats en surface pour y poser des choses - et une échoppe qui fermait l'enclave de l'autre côté. Les murs les entourant étaient si hauts que personne ne pouvait apercevoir ce qui s'y passait sans en pénétrer l'enceinte. Et tous les individus qui y étaient présents, en étaient bien conscients.

Titubant quelque peu, il traversa la longue allée qui le séparait de l'échoppe située tout au fond de l'espace. Entre autres vieux voyageurs, et certains qui semblaient être des shinobis las de travailler venus prendre une pause à l'ombre des regards, il croisa une troupe d'une quinzaine d'individus qui le dévisagèrent tous à mesure qu'il passait devant eux.


Archives - Ryūsuke | Toji V5i6


Ils étaient tous habillés avec des voiles recouvrant l'intégralité de leur visage, et de leur corps, illustrant leur adaptation au désert qui ne leur était vraisemblablement pas étranger. Seuls cinq d'entre eux étaient assis autour d'une table de pierre, les autres étaient en retrait, assis par terre ou sur un arbre asséché non loin. Le quintette était composé de quatre individus similaires, qui ne portait, à l'inverse de leurs comparses, aucun voile. Leur peau était asséchée et brûlée par le soleil, et ils ne présentaient aucune pilosité apparente. En pleine discussion avant l'arrivée de notre Uzujin, ils se turent immédiatement et le suivirent tous du regard à mesure qu'il passait devant eux. Se sentait comme une proie, comme prisonnier d'un environnement qui n'était pas le sien, Ryūsuke bouillonnait. Il y avait fort longtemps qu'il n'avait pas senti cet adrénaline brûlant l'envahir, mêlant peur et excitation. Ne pouvant s'empêcher de sourire nerveusement, il posa la main sur son large sugegasa, et l'abaissa en même temps qu'il hocha la tête pour les saluer. Salutation qui ne lui avait, évidemment, pas été rendu. Ils s'arrêtèrent de suivre son mouvement une fois que Ryū était assez loin pour qu'ils ne puissant plus le suivre du regard sans avoir à se retourner - bien qu'il pouvait tout de même sentir des regards des sbires du quintette posés sur lui.

Le visage camouflé par son couvre chef, Ryū poursuivit sa marche jusqu'à enfin atteindre l'échoppe. Mais avant d'avoir pu commander de quoi se désaltérer, il l'aperçut. Sur une table près du rempart, tapi dans l'ombre. Ryūsuke plissa les yeux pour pouvoir l'apercevoir clairement à cause du contraste de luminosité. Il était seul, fumant une cigarette à plein poumon en faisant tourner machinalement le breuvage qui était présent dans son verre, le regard dans le vide. En pleine réflexion. Il était persuadé d'avoir vu ses lèvres bouger de temps à autres, comme s'il marmonnait des choses dont il semblait avoir le secret. Un bref regard. Voilà ce qu'il fallut pour que l'on assiste à quelque chose d'inédit.



Comme s'il avait senti le regard du shinobi sur lui, l'homme solitaire leva brusquement les yeux à son tour sans bouger le moindre muscle, une cigarette dans une main, un verre qu'il faisait lentement tourner d'un mouvement du poignet répétitif, dans l'autre. Et il la sentit.. Cette aura meurtrière se dégager de cet individu pourtant si calme et silencieux.



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Ryūsuke fut immédiatement submergé et ne put en faire fi, comme prisonnier de son instinct. Il porta machinalement la main à son sabre et ne pouvait retenir de propager sa propre combativité, ses propres pulsions d'agressivité à l'instar d'une bête féroce qui rencontrerait une autre espèce qu'il n'avait jamais vu, mais qu'il savait tout aussi dangereuse que lui. Une pression écrasante s'installa entre les deux hommes qui se jaugeaient du regard. Ryū resserra la poigne sur son katana, sans aucun autre mouvement, prêt à fendre sur sa cible à tout moment.

Un rire graveleux se fit finalement entendre, puis d'autres qui le suivirent à l'unisson. Ils venaient de la table des hommes du désert. Comme si l'instant fut briser par ces rires, Ryū tourna brusquement la tête vers eux, les sourcils froncés et le visage dur - ce qui n'était clairement pas dans ses habitudes. Il se retourna vers l'homme esseulé, mais qui était de nouveau perdu dans ses pensées lui aussi. La pression descendue, Ryūsuke lâcha son sabre en regardant sa main, l'air interrogateur, comme s'il attendait qu'elle lui donne des réponses ou qu'il comprenne les raison de ses agissements. Il secoua vivement la tête pour reprendre ses esprits avant de se tourner vers le tenancier.

Une bouteille de votre meilleur saké, et un verre de ce que boit cet homme, dit Ryū en pointant le solitaire d'un mouvement de tête sans le regarder.  

L'air renfrogné, il s'exécuta sans le moindre mot. Disposant avec force une bouteille de saké, une coupelle, et un verre au liquide translucide sur le comptoir en bois. Notre protagoniste plissa les yeux en observant le liquide ambrée, brillant, encore mobile dans le verre.

Qu'est-ce que c'est ? ne put s'empêcher de demander Ryūsuke.

De la bénédictine, répondit le tenancier sans plus s'étaler mais dont le ton laissait transparaître un certain agacement, comme si on l'avait forcé à acheter cette bouteille et qu'il avait eu du mal à la trouver.

De la..

Ryūsuke plissa les yeux en grimaçant. Il était pris d'une désagréable sensation de déjà vu. Comme s'il avait déjà vécu tout ça. Cet individu lui rappelait quelqu'un mais il était incapable de dire qui, ni quand, ni où.. Comme si son aura même faisait résonner son âme. D'autant plus qu'il n'était pas n'importe qui. Pas avec une présence pareille. Il en était de même pour cet bouteille d'alcool, qu'il n'avait jamais vu de sa vie, mais dont le nom semblait faire écho à des réminiscences profondément enfouies. Tellement enfouies qu'elles semblaient appartenir à un autre que lui..

Ryū se servit une large coupole de saké qu'il engloutit d'un mouvement, avant de pousser un râle de satisfaction en fermant les yeux. Se délectant pleinement de ce moment. Puis il se décida. Avec sa flegme légendaire, son pas lent et saccadé, il se dirigea vers la table de l'inconnu, bouteille et verres en main ; cette fois-ci exempt de toute agressivité. Les quelques seuls rayons du soleil atteignant cette partie de l'esplanade frappaient le sugegasa de Ryūsuke, camouflant ainsi son visage et une partie de son corps d'ombres opaques. Il posa la main sur son couvre-chef en l'abaissant de quelques centimètres en signe de révérence.


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Veuillez m'excuser, mais après avoir marcher pendant des jours dans ce désert je ne pense pas pouvoir rester plus longtemps sous ce zénith étouffant et apprécierai un peu de fraîcheur, dit-il dans un discret sourire camouflé mais perceptible au ton de sa voix. Il faisait référence à cette seule partie ombragée de l'esplanade qu'occupait le solitaire. J'ai évidemment pris le soin d'apporter de quoi excuser mon culot, reprit Ryūsuke en posant le verre rempli sur la table et sa propre bouteille, s'installant en tailleur sur un rocher entourant la table qui faisait office de siège.

Les deux hommes étaient calmes. Silencieux. Ryū se servait lentement une coupelle de saké, tête baissée afin que son visage ne soit perceptible sous son sugegasa. Mais pourtant, une pression étouffante s'installait entre les deux hommes. Aucun d'eux n'étaient là par hasard, et le destin réunissait encore une fois, deux individus que tout opposait, mais qui ne pouvaient s'ignorer.






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Tahani
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MessageSujet: Re: Archives - Ryūsuke | Toji   Archives - Ryūsuke | Toji Icon_minitimeLun 10 Juin - 14:59


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Réminiscence de confrontation



─ Toji ? À quoi penses-tu ?

Le père et le fils étaient allongés sur une dune rocailleuse, apaisés par la quiétude d’une nuit tiède et subjugués par la beauté d’un ciel étoilé.

─ Aux étoiles que je regarde. Elles sont belles. Elles sont si… lointaines.

Toji, qui était encore un jeune garçon, s’était perdu dans l’immensité du paysage astral. Il semblait beaucoup plus épris que Genji, qui remarqua très vite l’intérêt qu’il portait à ces petits orbes de lumière. Cette candeur persistante lui tira un sourire rare, et le coin de ses lèvres strictes se déplia dans une mécanique rouillée.

La scène qu’il avait sous les yeux, lui inspirait finalement la même innocence que celle qu’il avait à son âge, et de fil en aiguille, s’était tissé jusqu’à son esprit les souvenirs d’une histoire que lui avait compté son propre père à ce sujet.

Archives - Ryūsuke | Toji 1556703702-ryusuke

C’était par des instants comme ceux-ci et par les réminiscences qu’ils savaient susciter, que les hommes léguaient leurs véritables héritages.

─ Connais-tu l’histoire de l’homme qui les a créées ?

─ Non, Otōsan.

Toji avait détourné le regard un court instant en direction de Genji, intrigué par ses paroles, puis s’était aussitôt recalibré sur l’œuvre qui l’absorbait depuis le début. Son visage n’avait jamais eu l’air aussi satisfait.

Genji tira un kunaï de son étui de cuisse, et le pointa en direction d’une étoile plus scintillante que les autres. Les yeux attentifs du jeune shinobi suivirent la direction indiquée par la lame et se fixèrent sur l’astre en question. Ils se plissèrent pour essayer de ne plus apercevoir que lui, et lui seul.

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─ Il est dit que l’Univers est fait en une langue que tout le monde peut entendre, mais que tous ont oublié. L’histoire que je m’apprête à te conter, est celle d’un homme qui a su la comprendre à nouveau…

Comme elle lui avait été enseignée, il l’enseigna à nouveau. De génération en génération, la légende étaient léguée avec l’espoir d’enivrer l’imagination du légataire. Et ce passage fut si prégnant entre Genji et Toji, qu’en offrant un tel récit, le père mena son enfant, bien des années plus tard, à la recherche de cet homme.

***
Environ quinze années plus tard

Cette histoire ne quitta plus jamais l’esprit de Toji. Elle hanta ses songes à de très nombreuses reprises, le mettant en scène dans une rencontre impromptue avec cet homme, que d’aucuns appelaient le jingi (神器litt. trésor sacré). Pour autant, elle ne l’empêcha pas de vivre et il continua ses labeurs au sein du village, respectant son devoir d’obéissance envers les strates supérieures du village des sables sans se soucier réellement de ce mythe.

Après tout, ce jeune homme n’avait jamais vraiment eu de desseins particuliers et ses seules espérances consistaient à surpasser celles de son père à son sujet. Il était serf d’une condition préorganisée que Genji avait construite de toute pièce, en insistant sur la discipline et le travail. Ce ne fut qu’à la mort du grand kenshikan (検視官litt. médecin légiste) que les choses évoluèrent.

En effet, si chaque cycle d’apprentissage durait un temps, celui qui succéda au décès de Genji parut durer une infinité et de tous, il fut assurément celui qui le structura le plus jusqu’à présent. La solitude, marquée par les échos fantomatiques des ordres de son père, par les fabulations inavouables du silence, par les mirages horrifiques du noir, changea totalement sa manière de percevoir le réel.

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Les choses n’étaient pas aussi troubles qu’elles n’y paraissaient, cependant, il était difficile de ne pas s’étonner des mystères qui planaient au-dessus du tandem providentiel Genji-Toji. En témoigna notamment le comportement de l’héritier Takane, qui fut des plus équivoques à la disparition de son père. Certains s’étaient exprimés au sujet de l’attitude paradoxale de Toji vis-à-vis de Genji, partagée entre un profond respect filial et une véritable haine viscérale... Pourtant, contrairement à ce qui fut hautement supposé, l’orphelin, alors âgé de la vingtaine, se replia entièrement sur lui-même une fois laissé pour compte.

On le prit pour fou à maintes et maintes reprises, et ses palabres isolés se noyèrent dans l’insignifiance. Toutefois, le légiste savait pertinemment qu’il n’avait pas besoin de l’approbation des autres sunajins pour poursuivre ses rêves d’éternel et d’éphémère. C’est pour cela qu’il ne s’arrêta jamais, au grand jamais, de penser à la fable du jingi, le faiseur d’étoiles.


Après des années d'investigations assidues, de questionnements interminables et d’interrogatoires passionnés, Toji, seul tributaire de la légende, trouva une piste digne d’être exploitée. Dès sa nouvelle titularisation en tant qu'homme de terrain, il en profita pour faire un crochet par les lieux ciblés et entama des recherches plus approfondies.

Il avait trois jours face à lui pour accomplir l’exploit de rejoindre l’injoignable et d’attraper l’insaisissable, au-delà, son équipe allait commencer à se poser de sérieuses questions à son sujet et c’était une chose qu’il se refusait. Cependant, malgré l’impératif d’efficacité et de rapidité qu'il s'était donné, cela faisait maintenant près d’une matinée toute entière qu’il s’épuisait à arpenter le désert en quête d’une oasis particulière.

Dévalant les dunes avec la dextérité d’un homme des sables, il parcourait l’immensité des territoires du Vent tout en gardant en tête qu'au bout d'un certain temps il allait devoir se protéger de la chaleur du soleil et se reposer dans un des abris de fortune qui parsemaient les plaines désertiques. Alors, vers les alentours de midi, lorsque le soleil fut à son zénith, Toji dévia sa course vers une localisation qu’il connaissait : un endroit plus ou moins calme et frais qu'avait fréquenté Genji avant la création de Suna.

Son train tenace le mena ainsi jusque dans un repaire minéral que les nomades du Vent avaient aménagé dans un trou naturel. Il n’était pourtant pas tard, mais cette journée durait depuis bien trop longtemps déjà et la chaleur, pleine à présent, empêchait toute réflexion d’être convenablement tenue.

À l’ombre, terré dans cette tanière, abrité par les larges flans des roches, il aurait tout le loisir de réfléchir davantage à son exploration en attendant de repartir. Mais en réalité, cette cachette semblait avoir encore un autre intérêt aux yeux de Toji, un point qui méritait véritablement son détour.

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Une fois arrivé à proximité de l’éminence, il s’arrêta, pendant un temps, pour contempler la beauté de ses saillies. Dressée dans le désert tel un monument à la gloire des voyageurs, une immense roche venait s’imposer dans le paysage. Le fin manteau de sable qu’elle revêtait avec pudeur, lui donnait de vagues airs de dune, et sans pour autant en être une, elle se fondait si bien dans le décor que, sans connaître distinctement l’emplacement du lieu, il était fréquent que certains ne remarquent pas ses spécificités.  

C’était justement pour son exclusivité que cet abri providentiel était l’un des plus prisés par les nomades aguerris. Et, à en juger par les quelques sentiers qui le traversaient, ils s’y étaient plutôt bien installés. À vrai dire, il semblait même plutôt évident que, bien que la nature eût clairement été à l’œuvre dans la création d’une merveille de ce genre, l’homme s’était également évertué à sa sculpture et à son aménagement.

Pourtant, cet édifice dégageait quelque chose de mystique, une évocation qui n’était en rien celle des hommes et de leur force. Toji, qui le regardait attentivement depuis quelques minutes déjà, s’était très vite aperçu de ce détail. Il l’intrigua tant qu’il finit par se convaincre que c’était bel et bien en ce lieu qu’il allait pouvoir mettre la main sur un indice décisif concernant le jingi.

De toute façon, il avait déjà une piste en tête et, inéluctablement, cette piste finissait sa course au fond d’un verre.

En effet, les nomades avaient réussi à capter la rosée du matin qui se condensait contre les parois du repaire, ainsi, une fois entré dans les entrailles de ce monticule – et monnayant quelques pièces,  il était tout-à-fait possible de s’abreuver de thé, d’eau ou d’alcool. Ce qui faisait qu’à soif modérée, il y avait toujours de quoi s’éponger. Et dans tout ce choix, une boisson intéressait tout particulièrement le légiste.

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Elle était un breuvage brun, assez clair, et fortement alcoolisé, que les itinérants aimaient déguster à faible dose. La bénédictine n’était seulement qu’un simple mélange d’herbes macérées et d’eau, mais la rareté des herbes en question et le long procédé au bout duquel l’infusion s’alcoolisait, la transformaient en un prestigieux liquide qui ne se goûtait qu’en très peu d’occasions. Une légende disait même que cette boisson avait été initialement concoctée par un alchimiste du désert qui rêvait de préparer l’Élixir de jouvence, et qui, en se ratant, avait tout de même fini par apprécier les vertus remarquables de sa potion.

Cette légende était en fait ce qui avait mené Toji jusqu'ici.

Il pensait fermement que cet alchimiste en question était le jingi et que si on servait un tel nectar dans ces lieux, cela signifiait qu’il les avait fréquentés. Mieux encore, son intuition le poussait carrément à croire que ce mystérieux personnage était parvenu à ses fins et avait réussi à prolonger son existence.

Maintenant, il ne restait plus qu’à confirmer ces suppositions...

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Son allure n'avait jamais été aussi ferme. Après tout, il s’aventurait dans l’antre pour y accomplir sa légende. Longeant le galbe des roches jusqu’à destination, il arriva dans l’enceinte principal du repaire après seulement quelques courtes minutes de marche. Son entrée fut directement accueillie par le transpercement de plusieurs regards acérés.


Toji resta de marbre et continua d’avancer jusqu’à l’étale où on servait la précieuse bénédictine. Chacun de ses pas marquait un profond ancrage dans le sol tandis que son esprit se focalisait sur l’environnement dans lequel il évoluait à présent. Analysant du coin de l’œil tous les échappatoires possibles, par simple mesure de précaution, et maintenant une concentration imperturbable sur tous les mouvements brusques qui pouvaient être faits dans sa direction, il commençait à visualiser petit à petit ce que son père avait ressenti tout au long de ses pérégrinations, au contact de l’imprévisibilité des hommes du désert.

Pour autant, même si, contrairement à Genji, Toji n’était pas un habitué des lieux, ce dernier ne ressentait aucune crainte et aussi nombreux qu’ils semblaient être, ces nomades ne représentaient pas une vraie menace.

― Donnez-moi de votre bénédictine, ordonna Toji au marchand, une fois arrivé au niveau du présentoir. Son timbre de voix ne laissait paraître aucune once d’amabilité ; en cela, il était caractéristique de celui des hommes du Vent.

La mine disgracieuse du serveur se heurta à la face patibulaire du servi. Plongeant dans l’iris de Toji un court instant pour y sonder sa dangerosité, il s’empressa aussitôt d’en ressortir de peur de s’y perdre éternellement. La noirceur, si profonde, qui régnait dans le regard du légiste, ne pouvait être fixée indéfiniment, car elle avait vite fait de rappeler à chaque homme qui y sombrait, que la mort touchait tout le monde.

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Le marchand s’empressa, sans mot, de lui donner ce qu’il demandait. L’héritier Takane attrapa le verre du bout des doigts, le faisant pendre au bout de son bras, et se dirigea vers un coin d’ombre pour se poser. Tout en se mouvant, d’un pas lent, vers sa place, il s’alluma une cigarette de sa main restante et en levant les yeux vers l’endroit qu’il visait, après avoir baissé le visage sur sa flamme, il constata qu’elle venait d’être prise par le plus costaud des voyageurs.

Un sourire sarcastique s’afficha dès lors sur son faciès, et plus il s’avançait vers sa cible, plus il semblait se figer. La pantomime qu’il décrivait, était si expressive, si transmissible, qu’une aura de mort paraissait s’échapper de Toji et pénétrer dans la chair de tous les nomades présents autour de lui.

La brute s’était levée pour considérer plus distinctement celui qui s’approchait d'elle et, bien que touchée par les exhalaisons meurtrières qui s’échappaient du nouveau venu, ne démordit pas. Pour le gros nomade, le premier arrivé devait sûrement être le premier servi, mais aux yeux de Toji, dont la vision des choses différait totalement de ce point de vue-là, le plus fort était celui qui se servait.

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Voyant qu’il ne s’arrêtait pas, le colosse essaya quelque chose pour le faire dévier de sa trajectoire :

― C’est déjà pris, du con ! Trace ta… s’exclama-t-il avant d’être vivement coupé par une aiguille, projetée à pleine vitesse, qui empala sa langue et son palais. Pris de panique, il agrippa sa gorge d’une main et tenta d’extirper le senbon qui était enfoncé dans sa bouche de l'autre. L’homme, trop occupé à se défaire de cette horrible entrave dont il était prisonnier, ne remarqua pas Toji, qui, étant apparu dans son maai en un instant, lui envoya un violent coup de paume ascendant dans la mâchoire.

Dans un puissant claquement, la bouche du colosse se referma sur ses doigts. L'aiguille transperça son palais, s’enfonçant dans la fosse nasale pour ne plus jamais en repartir. Les deux sorties pulmonaires bouchées, et à présent dans l’incapacité de respirer, il s’effondra en suffoquant et en attrapant misérablement la cheville de Toji.

Le légiste, importuné par cette prise, envoya un dernier coup de pied écraser sa tête pour l’achever. Il fit remonter l’aiguille jusqu’au cerveau de la victime et sa tête se comprima dans une épaisse explosion de sang…

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Les choses étaient maintenant claires : il ne voulait pas être dérangé, et celui qu'il venait de tuer en trois coups avait servi d'exemple pour le reste du repaire.

Son territoire enfin marqué, il s’installa tranquillement et commença à se perdre dans ses pensées, questionnant les signes qui lui venaient, écoutant les évocations de l’antre et se remémorant les éléments qu’il avait à sa disposition pour trouver encore d’autres indices. Il patienta une heure, une longue heure pendant laquelle il s’affaissa dans le creux de la roche, ne faisant plus qu’un avec l’ombre.

Quand, tout-à-coup, un étranger énigmatique fit son apparition dans le repaire, éventrant, par sa seule présence, le calme et la torpeur qui s’y était installé.


L’office qui le bénissait de son ombrage, permettait à Toji d’observer de loin sans être observé ; aussi, il repéra aussitôt ce nouveau venu et attacha son regard à lui, pour ne plus jamais le lâcher.

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Il remarqua que sa démarche incertaine, presque soûle, dissonait quelque peu avec l’aisance de mouvement avec laquelle il jouait à chaque pas. Paradoxale, elle avait surtout le mérite d’en dire long sur lui : il était un combattant, comme Toji ; un combattant soit assez bon, soit assez désespéré ― soit les deux ― pour venir s’alcooliser dans une cachette malfamée comme celle-ci.

Toutefois, cette courte inspection n’indiquait pas encore d’où venait cet homme. Et plus il se rapprochait de l’étale où Toji avait pris son breuvage, plus ses traits étaient visibles, et plus les hypothèses envahissaient son esprit, au point de l’égarer totalement.

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― Sous quelle forme m’apparaîtra l’Univers ? Le conte de mon père, la parole des vieillards du Sable, ce que j’ai appris dans les livres et en observant la nature… Tous ces signes, francs, clairs, distincts, me sont apparus les uns après les autres pour me guider jusqu’ici, mais parce qu’ils étaient francs, clairs et distincts, je n’ai pas eu besoin d’interpréter plus que de raison. Les choses ne sont plus pareilles désormais, et les signes qui s’offrent à moi, se perdent à présent dans un tourbillon où tout parait être à la fois si différent et à la fois si similaire, palabra Toji. Son laïus presque inaudible fut une pensée à voix haute qui s’échappa dans le vent. Es-tu là, jingi ? Es-tu le faiseur d’étoiles, lointain étranger ?

Perdu dans la lente élaboration de ses aphorismes, il ne repéra pas tout de suite que l’étranger était parvenu à son niveau et qu’il le regardait dorénavant droit dans les yeux. Était-ce vraiment le faiseur d’étoiles ?  En se posant la question, Toji ressentit alors une forme de pression qu’il n’avait jamais éprouvée jusqu’à maintenant : celle de se trouver, peut-être, en face de celui qu’il cherchait depuis toujours.

Il n’y avait qu’un seul moyen pour s’en assurer : communiquer au-delà des mots et parler dans sa langue. Alors, sans plus attendre, il rejeta toute la puissance de son chakra et fit surgir son aura la plus saisissante afin de montrer définitivement la nature de sa présence en ces lieux. Son vis-à-vis renvoya une aura similaire, et tous deux s‘avertirent de leur dangerosité mutuelle.

Archives - Ryūsuke | Toji 1557014224-aura

Toji, assuré de la force de celui qui lui faisait face, fut toutefois étonné de sa réaction. À en juger par la manière dont il avait étranglé le manche de son sabre, cet étranger s’était mis en position défensive et s’était préparé à l’éventualité d’une attaque éclaire. Son agressivité, comme celle de tout animal sauvage, était teintée d’une pointe d’appréhension que Toji connaissait bien ; son visage, logé dans l’ombre de son sugegasa, s’était même rigidifié durant leur échange, tandis que celui du légiste était resté complètement immobile.

Il avait eu vent d’une précision au sujet du jingi, qui expliquait que ce dernier ne parlait de ses exploits prophétiques qu’à ceux qui étaient capables de communiquer avec lui dans son langage. Aussi, Toji s’était employé à exprimer toute son histoire, tout son vécu, tous ses souvenirs de vie et de mort, en la condensant dans une émanation ; il s’agissait là des premiers usages, mais ils ne confirmèrent absolument rien.

Si ce personnage avait su lui renvoyer une courte, mais convaincante, exhalaison, il fallait maintenant que ce dernier daigne être réellement celui que Toji cherchait. Et à vrai dire, il en doutait très fortement, pour plusieurs raisons : son comportement n’était pas celui que la légende avait décrite ― même si la légende pouvait se tromper ou s’il pouvait tout-à-fait cacher ses traits distinctifs ; son sabre n’était pas un artefact des forgerons du désert ; et plus que tout, il ne connaissait apparemment pas la bénédictine ― même si, encore une fois, il pouvait bien feindre l'ignorance.

― Soleil, lune, étoiles, seraient finalement la création des hommes ? Ou les hommes ne seraient-ils pas plutôt les fils du soleil, de la lune et des étoiles ? Car, indéniablement, ce sont les étoiles qui gouvernent nos existences, elles nous disent quand vivre et quand mourir, quand manger et quand dormir… Mais ce se sont nous autres, les hommes, qui donnons vie aux étoiles en les regardant et en les mythifiant, ce sont nous autres, les hommes, qui pouvons leur parler et les guider. C'est en comprenant ce paradoxe que des hommes comme lui, ont su parler le langage de l'Univers. Les paroles, très faiblement chuchotées, étaient quasiment silencieuses.

Ses absences, qui étaient de plus en plus fréquentes aujourd’hui, reprirent à mesure qu’il réfléchissait aux éventualités d’une telle situation. Et sans s’en rendre compte, il commençait de nouveau à marmonner son évangile.

― Doit-on forcément mourir pour atteindre le paradis ?

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―  Veuillez m'excuser, mais après avoir marché pendant des jours dans ce désert je ne pense pas pouvoir rester plus longtemps sous ce zénith étouffant et apprécierais un peu de fraîcheur. J'ai évidemment pris le soin d'apporter de quoi excuser mon culot, s'exprima l'étranger, qui était venu s'asseoir à la table de Toji sans qu'il n'y fasse vraiment attention.

Il avait tout de même pris le soin de lui rapporter un verre. Cet effort notable de politesse aurait été une attention dont Genji se serait pleinement satisfait, toutefois, Toji ne fit que toiser nonchalamment le verre qui lui avait été offert, sans remercier le bienfaiteur. Le légiste n’était pas spécialement quelqu’un qui aimaient partager son espace avec d’autres êtres vivants, mais force était de constater qu’il ne pouvait pas faire autrement cette fois-ci. Il avait été pris de court, faute de n’avoir pas su maintenir sa concentration pendant encore quelques secondes.

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N’en déplut à ses mauvaises habitudes de loup solitaire, il fallut accepter cet autre alpha dans son cercle et continuer de faire comme si de rien n’était.

Toji semblait plutôt intrigué par l’identité de cet homme... Peut-être même était-il capable de l'aider d'une manière ou d'une autre dans cette quête. Après tout, il ne fallait jamais mettre une option de côté.


Les doigts de Toji, tenant encore leur cigarette, vinrent caresser la pierre, et alors qu’il recommençait à se perdre dans ses élucubrations les plus folles, une parole lui échappa encore à haute voix, sans qu’il y prête attention.

― À quel moment perdons-nous la maîtrise de notre vie ? Est-ce à partir du moment où nous pensons qu’il y a un destin ? Est-ce à partir du moment où nous choisissons de croire en un joli mensonge plutôt qu’en une vérité qui fait mal ?  

Jusqu’à présent, cet endroit ne lui avait pas donné plus d’indices que ça, et cela le perturbait au plus haut point. Lui, qui demeurait imperturbable comme à son habitude, bouillonnait de l’intérieur à l’idée de repartir de ces lieux bredouille. Il ne pouvait s’empêcher de penser qu’à tout moment, il ratait l’occasion de sa vie, et ce sentiment permanent qui ne le quittait plus, devenait une constriction de plus en plus forte.

L’homme qui s’était assis face à lui, buvant son saké, ne s’était pas assis là par hasard. Les coïncidences n’existaient pas, mais le destin non plus. Ils avaient simplement été mis ici par quelqu’un, mais qui était capable d’une telle chose ? Toji avait bien sa petite idée, mais...

Le tout était maintenant d’aller glaner des indices, assez subtilement pour ne pas éveiller de soupçons sur ses véritables intentions. Il se décida alors à l’interroger sur un tout autre sujet, qui, énoncé d’une bonne façon, pouvait tout-à-fait présenter un intérêt aux yeux de son vis-à-vis.

Prêt à percevoir chaque signe, il entama :

― Belle arme, lâcha Toji pour commencer la discussion, mais elle ne provient pas du Vent. Nous ne produisons pas d’aussi beaux fourreaux. D’où vient-elle ? finit-il dans un ton qui se voulait beaucoup plus solennel.

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Portant la tige à ses lèvres et la laissant pendre, il s’accouda plus amplement sur son siège et s’enfonça dans son assise. La pression qui régnait dans l’air était palpable, mais Toji était étrangement détendu. Il n’avait jamais eu de mal à la supporter.

Cet homme était là, tout près. Il en était persuadé.
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Gaijin
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MessageSujet: Re: Archives - Ryūsuke | Toji   Archives - Ryūsuke | Toji Icon_minitimeMar 16 Juil - 0:55


S'il était confortablement installé, sourire aux lèvres, enfin libéré des serres puissantes du désert à siroter une coupe de saké - de qualité, contre toutes attentes - paisiblement, il n'en restait pas moins agité. Sens aux aguets. Parfaitement dissimulé derrière son masque de quiétude, il se rendait pourtant parfaitement compte de la dangerosité de la situation dans laquelle il s'était mis ; et petit à petit, de la dangerosité de l'individu qui lui faisait face.

Contrairement à son habitude, Ryūsuke n'étudiait pas son homologue. Fin analyste, il était du genre à discrètement observer son environnement afin de glaner le maximum d'informations qu'il pouvait en retirer. Non pas parce qu'il en aurait potentiellement besoin, mais parce que c'était des mécaniques qu'il ne pouvait freiner ; séquelles de son enfance passée à fuir et à tromper pour survivre. Mais ici, il gardait les yeux sur sa coupelle de saké, vidant son esprit et apaisant ses sens exaltés. Ici, le moindre regard, le moindre geste - qu'il soit mal interprété ou non - pouvait réveiller une bête qui sommeillait depuis bien longtemps en lui et qui, si elle était amenée à s'éveillée, deviendrait incontrôlable.

Mais chose étrange qu'est le destin. Comme la rencontre de ces deux hommes était ineffable, orchestrée par les mains de forces créatrices dont ils ne pouvaient tous deux se défaire ; véritable pantins d'une volonté qui n'avait de cesse d'entrechoquer leur inspiration pour bouleverser le monde, bouleverser le macrocosme qui façonnait leur réalité. Mais cette volonté n'était pas partagée par les deux guerriers, non. Celle de Ryūsuke à l'instant où le destin répétait une confrontation destinée à se répéter dans un kaléidoscope intemporel, était de tarir cette bête écailleuse qui lui dévorait les entrailles. Bien qu'il ait réussi à la dompter après de nombreuses années de luttes, elle frissonnait d'exaltation à la présence de cet homme qui lui faisait face. Et si Ryū tendait l'oreille, il pourrait l'entendre murmurer de sa voix carnassière :

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Tue les. Tues les tous !

Son visage disparaissait progressivement derrière son couvre-chef en paille à mesure que cette voix lui paraissait de plus en plus audible. Mais c'est finalement les élucubrations murmurée par l'homme du désert qui lui permit de reprendre son calme et de quitter cette chambre introspective pour sa réalité.

À quel moment perdons-nous la maîtrise de notre vie ? Est-ce à partir du moment où nous pensons qu’il y a un destin ? Est-ce à partir du moment où nous choisissons de croire en un joli mensonge plutôt qu’en une vérité qui fait mal ? murmura son interlocuteur dans ce qui semblait presque être un psaume répété machinalement.

Ryū fronça les sourcils. Se visage réapparut partiellement de l'ombre de son sugegasa. Ces réflexions, qu'il savait pourtant rhétoriques, ne purent l'empêcher de tiquer. Principalement pour deux raisons. La première concernait l'individu lui même : il était rare de rencontrer des shinobis - car oui, Ryūsuke était persuadé de faire face à un militaire du vent - capable de telles maximes. La deuxième étant sur la portée des réflexions qui reflétait à la fois son génie et son aliénation. Portant lentement sa coupe de saké à ses lèvres, le Rōnin tenta de répondre à cette question, sans pourtant lui apporter le moindre mot. Mais il n'eut guère le temps d'y réfléchir très longtemps que le sombre métèque reprit la parole, cette fois-ci pour lui poser une véritable question, plus pragmatique, à laquelle il attendait une réponse.

▬ Belle arme, mais elle ne provient pas du Vent. Nous ne produisons pas d’aussi beaux fourreaux. D’où vient-elle ?

Lâcha-t-il avant de s'enfoncer dans son siège, comme si son corps entier souhaitait témoigner de sa curiosité. Une curiosité plus malsaine qu'elle ne pouvait apparaître en premiers lieux : l'intérêt pour lui n'était pas de savoir d'où venait son arme, mais bel et bien d'où venait son utilisateur. L'intrigue était mutuelle, et aucun d'eux n'outrepassait leur fierté, usant de subterfuges diplomatiques qui n'avait de secrets pour aucun d'eux, pour découvrir l'individu derrière la bête. Ryūsuke laissa échapper un sourire en jetant un regard sur le sabre qu'il portait fièrement à sa ceinture.

Je reconnais bien là les shinobis.. dit-il lentement en interrompant son discours pour boire une gorgée dans sa coupelle. Associer cette arme à une nation, la réduire à un simple instrument, un simple signe d'appartenance, serait manquer de respect à son créateur. Et je vous assure qu'aucun pays ninja ne serait capable de créer un "aussi beau fourreau", dit-il en étirant le sourire déjà présent sur ses lèvres.

La tension était à son comble. Ryū posa sa coupelle sur la table pour la première fois depuis qu'il s'était assis à cette table de fortune. Ses mains vinrent se rejoindre pour soutenir son menton, le visage toujours imperceptible, camoufler par son large chapeau de paille. La seule chose perceptible était son sourire qui s'était effacé, lui aussi, pour la première fois.

Ecoutez, il est évident que ce genre de conversations futiles ne sied pas à des individus tels que n.. KLANG !

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Une bouteille de saké avait été violemment posée sur la table, faisant virevolter le liquide transparent placé dans la coupelle de Ryū, qui leva lentement son sugegasa pour apercevoir qui était à l'origine de cette interruption. Trois bandits. Trois des mêmes qui étaient installés près de l'entrée du parvis de la taverne. Ryū recula légèrement la tête pour apercevoir le reste du groupe, bien plus nombreux qu'à son arrivé qui étaient tous tournés vers leur table. Il remarqua également un regard furtif de l'un des quatre intrus vers son interlocuteur. A peine avait-il posé ses yeux sur lui, qu'il eut un léger, très léger mouvement de recul en baissant les yeux comme s'il savait qui c'était, et ce que lui coûterait une altercation avec lui. Et malheureusement pour eux, ils auraient dû savoir que la table tout entière était à éviter. Et c'est l'air menaçant que l'un d'eux, le plus loquace, s'adressa à Ryū lame en main.

On ne t'a jamais vu ici, étranger.. Ce n'est pas un coin qu'il est conseillé de fréquenter, un accident est vite arrivé, dit-il en étouffant un rire gras partagé par ses compères.

Oh.. Ne vous méprenez pas, je me suis simplement perdu dans ce désert immense et recherchait un endroit à l'ombre pour étancher ma soif, loin de moi l'idée de..

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TE FOUS PAS DE NOUS ! rugit l'homme du désert sans prévenir en explosant la bouteille de saké et recouvrant Ryū d'alcool. On nous a prévenu qu'un type avec un chapeau de paille et un kimono comme le tien viendrait au pays du vent pour entraver nos affaires. Et en ce qui te concerne Toji, tu as intérêt à rester en dehors de ça, tu es quittes avec Niahu-sama et on ne veut pas d'emmerde, c'est entre lui et nous, dit-il en s'adressant au shinobi. Par contre, il nous avait décrit un type bien plus dangereux que toi, je suis déçu.. "Le dragon enragé" qu'il t'appelait, dit-il d'un ton moqueur en s'esclaffant.

Ryūsuke qui jusque là n'avait pas bronché, même lorsque le sbire l'aspergea d'alcool - faisant au contraire une triste moue en voyant tout ces alcool gâché - se figea au nom qu'il avait prononcé. Neta Niahu était l'individu sur lequel Uzushio l'avait ordonné d'enquêter, ou plutôt sur lequel il avait choisi d'enquêter. Il n'avait que faire de ses conspirations contre le village dans lequel il avait trouvé exil. Niahu était un ancien serviteur du daimyo qui avait commandité l'assassinat de son frère dont il s'était juré de tuer avant de trouver le repos éternel. Sous couvert de loyauté envers sa nouvelle patrie, il a donc choisi expressément cette mission afin d'assouvir ses pulsions vengeresses. La bête écailleuse se fit de nouveau entendre. Cette fois-ci avec insistance. Et Ryūsuke n'avait plus la force de la contenir. S'efforçant de garder son calme, tremblant d'excitation, il prit délicatement la bouteille brisée afin de se servir un verre avec le peu de liquide qui y restait ; devant les yeux outrés de ses agresseurs. Avant même qu'il ne porte la coupelle à ses lèvres, l'un d'eux porta un puissant coup descendant, légèrement incliné, en visant sa nuque dans son mouvement.

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Dans un timing frôlant la perfection, lorsque le coup s'abattit, Ryū avança son buste sans bouger de sa position assise, pour faire tomber la garde du sabre sur son épaule gauche et arrêter l'inertie du coup. Le sifflement que la lame produisit en fendant l'air n'empêcha pas le samouraï de s'exécuter. De sa main gauche, il vint plaquer sa paume avec force sur le coude de son bras tendu de son opposant qui accompagna son geste machinalement en grimaçant de douleur pendant que, de sa main libre, Ryūsuke vint saisir sa nuque du même côté afin de pouvoir accompagner le mouvement déjà entamé par le bandit. Tirant avec force, il encastra son crâne contre la table en pierre en prenant soin d'impacter les débris de la bouteille qu'il avait lui même brisée, qui vinrent lui lacérer profondément le visage. A mesure qu'il hurlait de douleur devant la stupéfaction de ses complices en se tenant le visage où de nombreux morceaux de céramiques avaient trouvé refuge , son sang recouvrait la table en se mêlant au liquide invisible qui s'y écoulait déjà.

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D'un geste unique, vif, il projeta son épaisse veste de kimono dans les airs pour faire diversion mais aussi pour se mouvoir avec plus d'aisance. Quittant sa position de tailleur, il posa le plat de sa pieds sur la table qui lui faisait face en se recroquevillant sur lui même avant de détendre son corps d'un coup. Il put alors se projeter en arrière en glissant sur le sol jusqu'à arriver aux pieds de l'un des deux scélérats restants. Allongé à même le sol, sur le dos, il effectua un petit bond afin de pouvoir détendre de nouveau ses jambes et, avant de retomber, les envoya frapper brusquement les chevilles de l'homme qui se mit à tomber sur lui, tête la première. Avant que ce dernier ne puisse atteindre le sol, Ryū de nouveau allongé sur le dos après être retombé de son attaque, se dégagea sur le côté, comme pour entamer une roulade latérale sans aller au bout de son mouvement, et dégaina son sabre hors de son fourreau de quelques centimètres. Quelques centimètres qui étaient parfaitement mesurés. Le cou du subalterne de Niahu s'y déposa au bout de sa chute. Dès que Ryūsuke le senti, il entama une puissante roulade sur le côté duquel il s'était dégagé, en sortant sa lame d'un mouvement vif qui accompagna sa cabriole, et trancha nette la gorge du bougre dans un jet de sang incessant qui recouvrit son kimono.

Le reste du groupe situé à quelques mètres du samouraï se raidit, quelques uns prenant les armes comme s'ils pensaient se faire attaquer dans l'instant, d'autres reculèrent de quelques pas. Ryūsuke de son côté, leur faisait fièrement face, une expression méconnaissable sur le visage. Il glissa une main à l'intérieur de son kimono, à mesure qu'il avançait vers eux. Sa vue se troublait, son visage se durcissait. Il ne contrôlait plus la bête. Son calme et son pacifisme légendaire avaient laissés place à une aura meurtrière. Le dragon montrait enfin ses crocs. Il dégagea un bras, puis l'autre, avant de faire tomber le haut de son kimono sur son hakama, dévoilant une musculature opulente creusées de cicatrices profondes.



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On pouvait également découvrir un large tatouages d'un dragon rugissant qui couvrait la totalité de son dos. On pourrait presque croire qu'il se déplaçait le long de sa peau. Comme s'il était empli d'une volonté propre. Et, qu'assoiffé de sang, on l'entendrait hurler « tue les, tues les tous ! » Il dégagea un bref sourire en se rappelant de la présence de celui qui avait éveillé son animosité refoulée depuis tant d'année en premier lieu.

▬  À quel moment perdons-nous la maîtrise de notre vie, disais-tu ? murmura-t-il d'une voix rauque en passant sa tête derrière son épaule après avoir dégainé son second sabre. Je ne saurais réellement répondre à ta question, Toji. Mais me concernant, c'est à l'instant même où ma lame ôta la vie pour la première fois, fragmentant mon âme, que j'ai cessé d'être le maître de ma vie, mais celui de mes pulsions me poussant à détruire tout ce qui peut croiser ma route. Aussi, la véritable question serait plutôt de savoir à quel moment acquérons-nous la maîtrise de la vie d'autrui.

D'une marche lente, saccadée, il se dirigea vers le groupe innombrable de sbire, espérant pouvoir tarir sa soif vengeresse, faisant fi du choix que pouvait prendre Toji dans cet affrontement. Allait-il être son allié, ou son ennemi ?

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Tahani
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Nature de la maîtrise: Herrendienst ⸺ Escrime des anciens maîtres
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MessageSujet: Re: Archives - Ryūsuke | Toji   Archives - Ryūsuke | Toji Icon_minitimeLun 22 Juil - 19:54


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Réminiscence de confrontation


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Quelques fins nuages dansaient autour du visage de Toji, qui, trahi par une ombre de moins en moins protectrice, commençait à se découvrir. Apparaissaient alors, entre les volutes de fumée et les faisceaux de poussière, des traits stricts, droits, comme gravés dans le marbre, et une longue chevelure de jais qui contrastait avec son teint d’opale. Plus les éléments jetaient un jour nouveau sur sa silhouette, et plus ils dévoilaient les similitudes qu’elle avait avec une statue ancestrale. C'était comme s'il avait été taillé dans le rocher sur lequel il était assis.

Pour autant, même s'il se centrait sur Toji, ce tableau troublant ne devait ses courbes et ses nuances qu'au seul pinceau du soleil, qui dardait ses rayons à travers les failles de la roche. Des halos de lumière se réverbéraient ainsi à travers l'édifice, pourfendant l'obscurité de part en part, et finissaient par s'entrecroiser dans une imbrication si complexe qu'elle en illuminait tout l'abri. À ces luminosités importunes qui s'emparaient des lieux, s'associait toujours une chaleur étouffante que les nomades craignaient fortement.

Il était, donc, l’heure de lever le camp. Comprenant cela, Toji se redressa, puis attrapa la cigarette qu’il avait en bouche d’un geste las, comme porté par une autre force que la sienne, et, tout en expirant la fumée qu’il avait emmagasiné dans ses poumons, l’écrasa sur le coin de la table. De la même main, il se saisit de la coupe dans laquelle il avait versé sa bénédictine et la porta à ses lèvres, toujours emprunt de la même imperturbabilité. Il ferma les yeux pour apprécier l'arôme... Quel fut le sentiment de l'Alchimiste quand il goûta à ce breuvage pour la première fois en croyant s'abreuver de l’Élixir de jouvence ? Était-ce de la déception ? De la colère ? De l'indifférence ?

Soudain, alors qu'il se laissait de nouveau submerger par le néant, absorber par les évocations fugitives que les énergies lui renvoyaient, il fut très vite sorti de ses songes par la voix de l'étranger qui lui faisait face. Grave et profonde, elle sonna comme un cor du désert.

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― Je reconnais bien là les shinobis. Associer cette arme à une nation, la réduire à un simple instrument, un simple signe d'appartenance, serait manquer de respect à son créateur. Ce mépris assumé des shinobis et cette considération pour son sabre... Toji ne connaissait que trop peu les samouraïs tetsujins, mais force était de constater qu'il leur ressemblait beaucoup. Et je vous assure qu'aucun pays ninja ne serait capable de créer un « aussi beau fourreau ». Beaucoup trop même.

Il ne répondit pas à l'étranger, estimant avoir été amplement renseigné sur ses origines, laissant ainsi filer un long silence que les bruits du vent vinrent meubler. Toji n'était pas une personne volubile après tout, et son intérêt pour ce guerrier s'arrêtait finalement à la fortuité de leur rencontre. Il était persuadé que si leurs chemins s'étaient croisés aujourd'hui, c'était pour une raison bien précise, et il voulait savoir laquelle. Mais rien de plus.

Les plupart des hommes n'étaient que des pions sur un échiquier, manipulés par un joueur inconnu. Ils ne vivaient que pour être sacrifiés en vue de servir un but supérieur. Conscient d'une telle fatalité, Genji appelait cela la machination karmique, mais Toji ne voulait pas se résoudre à la seule conception de ce dogmatisme. Au fond, il pensait qu'on pouvait aller encore plus loin et mettre la main sur l'épaule du machinateur.  Il estimait qu'attribuer le karma, la destinée ou le hasard à des forces qui nous dépassaient, témoignait finalement des lacunes de notre ignorance.

Les yeux du légiste ne bougeaient pas et restaient fixés sur leur cible, mais ils voyaient tout, absolument tout, ce qui se passait autour d’eux. Les hommes, les animaux, les plantes, les minerais, les éléments, les objets... Tous parlaient, finalement, le même langage, celui de l'Univers, car tous en faisaient inévitablement partis. Et, pas à pas, Toji apprenait à le saisir. Il le devait s'il voulait le trouver.

Le lieu était en mouvement : les groupes s'apprêtaient à décamper et les marchands remballaient leurs étales. La vie de cette termitière battait son plein et chaque individu, en pensant accomplir un acte tiré de sa volonté propre, se dirigeait vers la position qui lui était destinée.

N'observant plus la réalité physique, son regard dévia de sa mire et se déporta alors vers le sol. Ses sens, embrumés, s'évadèrent totalement. Épris, pâmé, enivré par les visions de l'infini qui l'assaillaient, il se lâcha et, se supposant hors du monde, psalmodia encore une fois. Les mots qu'il exprimait, étaient comme des traquets en cage, qui, passant à travers les barreaux de son subconscient, s'évadaient vers l’Éternel.

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― Tant que l'Univers aura un commencement nous pourrons supposer qu'il ait eu un créateur. Mais si réellement l'Univers se contient tout entier, n'ayant ni frontières ni bords, il ne devrait avoir ni commencement ni fin : il devrait simplement être. Quelle place resterait-il alors pour un créateur ? Il marqua un temps d'arrêt, court, pour y réfléchir. Son iris noir vira au gris, éclairci par ce qui semblait être une révélation. Le jingi se serait donc approprié cette capacité à être, sans naissance et sans mort, et à demeurer, hors de l'espace et du temps. Son regard qui brillait, s'enténébra à nouveau. Après chaque réponse, naissaient des questions jumelles, bien plus terrifiantes encore que les précédentes. Dois-je en comprendre qu'il n'y a pas de passé, pas de présent et pas de futur ? Dois-je en comprendre qu'il n'y a pas de proche et de lointain ? Dois-je en comprendre que... le tout et le rien ne sont pas les faces opposés d'une même pièce, mais exactement, très sensiblement, les mêmes choses ?

Toji, en sa qualité de médecin légiste, était doué d'une concentration infatigable, qu'il était capable de mobiliser à tout instant. Il l'avait travaillée depuis son plus jeune âge, sur ordre de Genji, et avait ainsi continué à la solliciter sans relâche jusqu'à ce qu'elle ne devienne plus qu'un simple réflexe, ancré au plus profond de lui-même. Il était de ces hommes qui ne loupaient jamais aucun détail, à qui rien n'échappait. Sa réputation au sein des institutions du village s'était même bâtie, entre autres, autour de cela.

Mais depuis la mort de son père, Toji avait changé. Il rencontrait de plus en plus de difficulté à faire abstraction de ses doutes et se laissait bien trop souvent submerger par le flot de ses pensées. Ce qui, inévitablement, altérait la qualité de sa concentration. Les changements de paradigme emportaient avec eux même les traits de personnalité les plus solides. Alternant désormais entre des états d'hyper-concentration et d'intense déformations cognitives, il était loin de l'homme que son père avait élevé.

Pourtant, quelque chose de Genji subsistait encore en lui, quelque chose de primal : l'instinct des Takane. Celui qui lui permettait de détecter la moindre animosité à son encontre et de percevoir avec acuité tous les mouvements dans sa vision périphérique. Il s'agissait là d'un mouvement intérieur incontrôlé, qui le faisait agir sans le secours de la réflexion, et qui déclenchait en lui des automatismes animaux, très généralement liés à la survie et au combat. C'était surtout pour ce don exceptionnel, dont étaient nantis tous les grands guerriers du Sekai, qu'il avait su tirer son épingle du jeu au sein des shinobis du sable.

De la sorte, ce fut donc par instinct que sa méditation se stoppa. Son attention se porta dès lors sur les grouillements environnants, plus précisément sur ceux d'un groupe de bandits sur sa gauche.


Un cortège de trois individus s'était détaché de la bande, et se dirigeait dans leur direction d’un pas lourd. L’expression sur leurs visages ne faisait pas mystère, elle témoignait d’une sévère envie d’en découdre, envie qu’ils semblaient tous partager sans aucune exception. Le regard perçant de Toji se posa sur le plus avancé d'entre eux, et il fut surpris de voir que ce dernier ne le fixait pas. À vrai dire, il avait plutôt l'air de se focaliser sur l'étrange samouraï qui était assis en face de lui.

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Ces quelques nomades transpiraient une haine perceptible, palpable même, à l'égard de son vis-à-vis. Toutefois, le principal intéressé ne paraissait pas s'en préoccuper. En témoignait notamment son attitude qui, totalement décontractée, était plutôt à la buvette et à la discussion. Visualisant à l'avance le combat qui allait se dérouler, sans toutefois en deviner clairement l'issue, Toji ne s'étonna pas du comportement de son interlocuteur et quand ce dernier fut coupé dans son élan par l’intervention des contrevenants, un sourire amusé parut alors sur ses lèvres. Les hostilités commençaient enfin, après tout ce temps.

Ils venaient de frapper la table d’un violent coup de bouteille, espérant que le claquement du verre fasse sursauter l’étranger qui ne les regardait pas. Et pendant que l’un d’eux se rapprochait du samouraï pour l’intimider, un autre, plus costaud que les autres, jeta un coup d’œil à Toji afin de l’identifier. Une précognition macabre sembla alors le faire reculer d'un pas. Son faciès apeuré se tourna aussitôt vers l'étranger, et une légère goutte de sueur perla sur son front.

L'aura meurtrière qui se dégageait naturellement du légiste aurait pu suffire à les faire tous déguerpir, mais étaient-ils, vraiment, capables de la percevoir en fin de compte ? Il en doutait fortement, vu que ce tetsujin était capable d'en dégager une tout aussi effrayante et que c'était pourtant lui qu'ils avaient choisi pour être le réceptacle de leur courroux. Il en déduisit alors qu'il était question d'autre chose et que cette crainte qu'il suscitait, devait sans doute être due à la petite exécution de tout-à-l'heure. Après tout, elle avait été entreprise dans cet objectif.  

Le silence s’était installé dans la caverne et les autres vagabonds s’étaient stoppés, intrigués par ce qui se passait autour de la table de Toji. Car sous la vue attentive du sunajin, se construisait minutieusement les préalables à une échauffourée. Et plus l’échange entre le voyageur et le bandit des sables, montait dans les tours, plus Toji comprenait la teneur de la situation. Ce n’était pas qu’une agression gratuite ou un bizutage malvenu, c’était bien plus que cela : cet illustre inconnu avait été repéré, ciblé et traqué depuis un certain temps. Le choix de l’attaquer avait ainsi été fait en âme et conscience.

Ils l'avaient reconnu à son accoutrement atypique, certes, mais savaient-ils pour autant à qui ils avaient réellement affaire ?

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Il ne fallut seulement que quelques mouvements au samouraï pour le leur montrer.

Toji, qui conserva la même indifférence tout au long du massacre, fut néanmoins attentif à l’exotisme des déplacements qu’il exécuta pour défaire le groupe de malfrats. Se projetant au sol d’une ruade chevaline, après avoir nettoyé la table à l’aide du visage de l’un de ses agresseurs, il avait effectué un croche-patte ingénieux à un autre assaillant depuis sa position et dans le même élan, tranché sa carotide d’une vrille fantasque. D’une certaine manière, le style de ce tetsujin ressemblait au sien : ils en avaient en commun l’efficacité, l’imprédictibilité et l’impitoyabilité.

Tout s’était passé en une fraction de secondes. La rapidité avec laquelle il avait terrassé ses ennemis était de celle que Toji estimait. Il suffisait de lire l’enjouement sur ses traits pour voir qu’il avait été amusé par le spectacle qui lui avait été offert. Ce ne fut toutefois qu’une lueur éphémère, fugace, car aussi vive et intense qu’elle fut vers la fin du combat, elle se tut aussitôt à l’écoute des mots du samouraï.

― À quel moment perdons-nous la maîtrise de notre vie, disais-tu ? Je ne saurais réellement répondre à ta question, Toji. Toji se leva de sa chaise, en allumant une autre cigarette d'un jeu de mains presque machinal. Les murmures qu'il avait adressé au vide, avaient finalement résonné dans le cœur de ce samouraï. Cette question n'était pourtant destinée à personne, mais il avait décidé d'y répondre... Alors le légiste tendit l'oreille, sans dissimuler l'agacement qui le gagna à l'idée de s'être su écouté. Mais me concernant, c'est à l'instant même où ma lame ôta la vie pour la première fois, fragmentant mon âme, que j'ai cessé d'être le maître de ma vie, mais celui de mes pulsions me poussant à détruire tout ce qui peut croiser ma route. Aussi, la véritable question serait plutôt de savoir à quel moment acquérons-nous la maîtrise de la vie d'autrui.

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― Autrui n'existe pas, lâcha Toji d'un ton désabusé. Tout individu collabore à l'ensemble du cosmos. Nous sommes des univers passagers dans l'Univers qui s'éternise. En cela, croire que nous avons la maîtrise de quelque chose n'est qu'une vague illusion qui nous écarte de l'ineffable folie du réel. C'est désastreux, mais il faut savoir, lointain samouraï, que nous ne maîtrisons rien et nous ne maîtriserons jamais rien. Ses pas lents, traînants, firent bouger sa carcasse hors de l'ombre. Il était, à présent, entièrement découvert, et se dressait dans le dos de son interlocuteur, en continuant à propager une profonde aura de violence. La seule chose qu'il nous reste à faire, c'est de trouver le véritable maître et le tuer. Son poing se crispa et des veines strièrent la peau de sa main. L'aura qui s'échappait de lui, devint si puissante que son corps paraissait s'évaporer.

Cette réplique qu'il venait de déclamer, avait suscité en lui une colère féroce, car elle venait de lui rappeler que le terme de son voyage était encore loin et que pour l'instant, malgré les distractions, il n'avait rien trouvé de satisfaisant sur le jingi. Continuant à marcher dans le vide, pensif, sans réelle destination, il s'éloignait du samouraï et des corps que ce dernier venait d'écorcher vif. Ses pas le menaient en direction de la sortie, mais il ne donnait pas l'impression de s'en rendre vraiment compte.

La démarche du samouraï, quant à elle, était tout autre : beaucoup plus ferme, beaucoup plus grave, elle faisait foi d'une véritable soif de sang et le guidait justement jusqu'au groupe de nomades. Les deux guerriers prenaient finalement des destinations opposés, hantés par des démons différents. Le dragon qui dansait dans le dos du samouraï, prenait de plus en plus d'amplitude à mesure qu'il s'avançait, sabres en main, pour assouvir ses envies de meurtre.

Rassemblée, et à l'affût de la première offensive, la horde de truand se resserra autour d'un épicentre et adopta une formation stratégique visant à protéger les angles morts de chaque membre.

― Écoutez-moi bien, tous ! cria tout-à-coup un homme en s'exprimant depuis l'avant du cortège. La tonalité avec laquelle il s'était exclamé, paraissait être soutenue par un artifice tant elle était profonde et imposante. Cet homme, qui vient de terrasser nos frères, s'appelle Seijuro Ryūsuke, c'est un ninja d'Uzushio, donc un ennemi du Vent, mais il n'est pas que ça ! Il est aussi et surtout un ennemi de Niahu-sama ! Rappelez-vous en ! Seijuro Ryūsuke était donc un ninja d'Uzushio... qui se battait comme un tetsujin. Soit. Toji le nota dans un coin de son esprit, sans vraiment y accorder de l'importance. Rapportons-lui sa tête et nous serons grassement récompensé. Peut-être même oubliera-t-il nos échecs à propos du jingi...

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Toji se stoppa net, son corps tout entier se rigidifia et sa face se figea.

Dans la noirceur la plus totale, au fin fond des abysses, une flamme venait de s’éveiller. Insatiable, elle ne cessa de grandir, pour finir par devenir plus grande encore que le néant qui l’avait accueillie.

Une gigantesque explosion fit bouillir Toji de l’intérieur, et, pour la première fois de sa vie, son attitude imperturbable s’effondra, le libérant ainsi du masque qu’il revêtait. Ses longues introspections, ses interminables recherches, ses incessantes pérégrinations… Tout ce qu’il avait entrepris jusqu’à présent, n’était finalement destiné qu’à cet instant très précis.

Dos à l’action, il exécuta un mudra d’une main et piocha dans son étui de jambe de l’autre. D’une impulsion, il apparut face au cortège, à quelques centimètres à peine de la première ligne de défense, et prêt à l’assaut, il demanda alors :

― Alors comme ça, Niahu s'intéresse aussi au jingi. Pourquoi ? demanda-t-il, mais on ne lui répondit pas. Quel intérêt a-t-il à chercher le faiseur d'étoile ? Où en a-t-il entendu parler ? Que savez-vous de lui ? Les questions ne s'arrêtaient plus. Et à mesure qu'il les posait, son timbre de voix devenait de plus en plus dur. L'interrogatoire tendait les gorges de bandits, mais ils restaient mutins. Cela devait sans doute faire partie de leur code d'honneur. Répondez-moi ou je vous tuerai tous, un à un.

― On... On peut rien te dire, bredouilla celui qui s'était exprimé plus tôt et qui avait concédé l'erreur fatale de lui dévoiler la véritable nature de leur présence en ces lieux. Tu auras beau tout tenter, Takane, tu n'en retireras rien... C'est le... La vue du bandit se teinta de rouge, puis vira ensuite au noir complet, et ses jambes parurent alors peser plusieurs tonnes. Il vacilla jusqu'au sol.

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Son visage venait d'être tranché horizontalement d'une oreille à l'autre en l'espace d'une fraction de seconde. Découpés de long en large, ses yeux n'étaient plus que des fentes sanguinolentes et ses tempes ouvertes dégorgeaient à profusion. Armé du kunaï qu'il avait dissimulé dans sa manche, Toji venait d'asséner un puissant coup en revers à son adversaire. Sa lame, ses appuis stables et son bras tendu étaient les extensions de sa hargne qu'il avait su solliciter pour accomplir un mouvement parfait, rapide et puissant.

Le talon du sunajin se posa alors sur le faciès meurtri de sa victime, et commença à l'écrabouiller en appuyant de plus en plus fort. Pendant qu'il temporisait en martyrisant l'adversaire, Toji s'imaginait la suite du combat. Il guettait les ouvertures et les fermetures que lui imposaient les conditions de l'affrontement, tout en continuant à fixer, avec une attention particulière, la moindre action ennemie.

D'un seul geste, il venait de créer une discorde muette au sein du groupe de bandits, mais ce n'était, malheureusement, que le début. Les hurlements de douleur firent reculer certains des bandits, mais la plupart s'armèrent et ragèrent en fonçant sur Toji. Admirant la souffrance dans l'expression faciale de celui qu'il torturait, il leva subitement la tête. Une rangée de crocs acérés ornait le bas de sa gueule. Ces proies, qui s'offraient à lui, allaient bientôt découvrir ce que la prédation avait de plus terrifiant.

Toji fit tournoyer le kunaï dans sa main droite, passant son index à travers l’anneau du pommeau, et s’élança sur les assaillants avec une rapidité fulgurante. En entrant dans la garde du premier venu, la lame du kunaï tenue en prise inversée, orientée vers le sol, il se prépara à lui assener une frappe en direction des cotes dans l’espoir de perforer un poumon et de le mettre hors d’état de nuire sans trop de gesticulation.

Cependant, la main du truand agrippa son poignet et bloqua son coup.

― Si tu crois pouvoir nous défaire avec ce simple kunaï, shinobi… gloussa-t-il, en pointant un grand sabre droit sur le visage de Toji, mais avant qu’il ne puisse finir sa phrase, le poignet qu’il serrait pourtant avec force fit un tour sur lui-même en passant par l’extérieur. La lame du sunajin qui était en dessous de la main du truand, se retrouva finalement au-dessus, et son tranchant se posa sur ses veines.

La courbe que traça l’attaque, fut nette et sans détours. Cisaillant les ligaments qui soutenaient la main droite du sabreur adverse, avant même qu’il ne puisse se rendre compte de la clé qu’il venait subir, Toji passa derrière sa victime en lui tranchant sa carotide. Le mouvement avait longé le bras de l’ennemi pour aller se loger dans son cou, et sortir aussitôt.

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Apeuré par cette vision épouvantable, le groupe se dispersa aussitôt dans un réflexe primaire de survie. Au même moment, Toji planta définitivement sa lame dans la nuque du bandit et la lança ensuite entre les deux yeux d’un autre nomade qui tentait de le contourner. Celui-ci tenait son épée à deux mains, en la soulevant par-dessus sa tête pour lui envoyer un coup descendant… Ce fut la raison pour laquelle il ne put réagir assez rapidement et éviter le jet.

Les deux cadavres s’effondrèrent sur le sol, gisants. Alors, le reste des belligérants s’arrêta, l’espace d’un court instant, pour constater la mort de leurs camarades. Toji profita de cet interstice pour disparaître de leur vue, et quand ils tournèrent la tête, à nouveau, dans sa direction pour le chercher, réapparut, accroupi, prêt du faciès ensanglanté de l’une des victimes pour récupérer le kunaï qui y était planté. Il venait d’éteindre deux vies et il s’apprêtait à continuer.

Le manche de son arme entre ses dents, il exécuta quelques mûdras encore, en vitesse. Une émanation bleutée s’échappa de ses mains. Comme les serres d’un faucon, elles se contractèrent pour saisir le gibier. Le centre de gravité de Toji s’abaissa brusquement, ses jambes se plièrent et ses bras se croisèrent.

S’il voulait réellement mettre un point d’achèvement à sa quête, il se devait tout d’abord de terminer ce combat ridicule. S’il pouvait obtenir quelque chose de ces vagabonds en leur inspirant l’horreur la plus odieuse, s’il fallait les détruire, les terroriser, pour leur soutirer des informations, alors il n’allait pas hésiter une seule seconde à le faire.

Le groupe avançait à tâtons, tout en tentant de regagner sa disposition initiale, mais il fut très vite exposé aux percées de Toji, qui, arrivant depuis les zones de pénombre, n’eut aucun mal à les surprendre. Son scalpel de chakra découpa les bras des sabreurs, puis leurs jambes, jusqu’à ce qu’ils ne soient plus qu’une masse de corps immobile et geignarde, entassée dans le sable. L’affrontement, dans tout son ensemble, n’avait pas duré plus d’une minute, mais les conséquences de ce duel allait peser sur le restant de l'existence des vaincus.

Toji attrapa un bandit encore vivant, et le fit s’asseoir. Il se posa en face de lui, ses genoux pliés et les paumes tendus sur le sol. Son regard noir le transperça.

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― Bon. Nous allons faire plus simple. Menez-moi à Niahu. Toj ôta le kunaï qu’il avait en bouche, de sa main gauche, et s’en servit alors pour sa démonstration. La précédente s’étant perdue dans l’intensité des mouvements qu’il avait menés, il ne put également s’empêcher de porter une nouvelle cigarette à ses lèvres, à présent libres.  Je ne vous ai pas tous tués, finalement. Il planta sa lame dans la cuisse droite du bandit, qui, dans un éclat de douleur, brailla tout l’air qu’il avait encore dans les poumons. Seulement, je vous ai ôté la mobilité à tous et je ne peux emporter avec moi qu’une seule personne. Il libéra sa jambe et pointa son torse, tout en gardant la même froideur. C’est donc toi que j’ai choisi. L’homme en question fut troublé, partagé entre espoir et désespoir, entre chance et malchance… J’ai sectionné vos tendons, vos muscles, vos os et vos périostes. Chaque partie découpée avait été minutieusement montrée du bout de sa lame. Vous n’aurez plus jamais l’occasion de bouger à nouveau.

― Alors… Un élan de courage, motivé par le découragement, s’éveilla en lui. Alors, à quoi ça peut donc servir que je t’aide ? Dans ce désert, l’infirmité, c’est la mort…

― Justement, expira Toji en soufflant sa fumée sur le visage du bandit désormais estropié. Si j’ai su vous ôter la mobilité, je sais aussi vous la rendre. En échange de Niahu, je te redonnerai tes jambes et tes bras, nomade.

― Mais… pour ce qui est du reste de notre troupe ?

― Ils mourront ici dans d’affreuses souffrances et se décomposeront alors dans le désert.

― Mais… Est-ce que...

― Ce n'est pas une offre, ni une demande. Simplement un fait, termina Toji.


L’héritier Takane se releva, en inspirant une bouffée sur sa tige avec volupté, et se tourna légèrement en direction de Ryūsuke pour observer sa démarche encore lente. Toji hocha la tête comme pour attester d’un accord tacite au sujet du bandit qu’il tenait. Il était conscient qu’il venait de lui priver de sa vengeance et qu’en cela, il avait sans doute détourné la rancœur sur sa personne, mais il était prêt à tout pour mettre la main sur le jingi et se mettre à dos un puissant guerrier, n’était pas une chose capable de le faire reculer.

Sans plus tenir compte de l’uzujin, il s’avança vers la sortie de la grotte pour s’en échapper, tirant la carcasse du bandit qu’il avait esquinté. Silencieux, quelques larmes coulaient le long de ses joues et ses jambes inertes traçaient de profonds sillons parallèles dans le sable. Pour cet homme, commençait ainsi un long, très long périple, accompagné d'un démon qui pouvait à la fois le tuer et le sauver.

Toji regardait l'horizon, les cheveux au vent et la tête dans les nuages. Pour se rendre là où jamais personne n'avait été, pour trouver ce qui n'avait pas de question et pas de réponse, il allait devoir apprendre à arpenter des chemins qui n'avaient pas de fin et pas de début.

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